Portrait de Cimadienne - Dany Bénézet, bénévole à Alès20 avril 2016 | ![]() Connaissez-vous beaucoup de militants qui aient créé 2
groupes Cimade, et qui plus es,t dans 2 régions différentes ? Il en existe
au moins une : Dany Bénézet, bénévole originaire du Gard. Et cela n’est
qu’une preuve parmi d’autres de son énergie débordante et de son envie de
déplacer des montagnes, où qu’elle se trouve.
D’éducation protestante, Dany est tombée toute jeune dans le scoutisme, au sein duquel elle a évolué jusqu’à ses 30 ans. « Le scoutisme a marqué ma façon de voir les choses et d’envisager ma vie, en tant qu’actrice dans la société, par l’engagement à la fois professionnel, syndical et associatif ». Et en effet, les engagements, Dany en a un paquet ! En 1983, elle devient institutrice, un métier qui la met en contact quotidien avec des situations humaines et sociales très variées. En parallèle, elle s’engage dans l’église, à la fois « par conviction chrétienne et par humanisme ». Elle a 28 ans lorsqu’elle rencontre son futur mari, pasteur, avec qui elle aura deux filles. En 2001, son mari est muté à Mont de Marsan, et ils s’installent dans la région. C’est alors que commence l’aventure Cimade, que jusqu’alors Dany ne connaissait que de loin. « Mes deux filles commençaient à grandir, j’avais un peu plus de temps. Je m’intéressais déjà aux problématiques rencontrées par les personnes étrangères, par le biais de mon métier. Avec le pasteur de l’ERF, nous avons alors monté le groupe Cimade de Mont de Marsan, qui n’existait pas. Il y avait un LRA (local de rétention administrative) au commissariat, et l’activité du groupe s’est construite autour de ce lieu. » Peu de temps après, elle lance aussi la création du RESF 40 : « C’était en 2006, au moment de la circulaire Sarkozy qui a provoqué le lancement de RESF un peu partout. Je me souviens encore du premier cas que nous avons défendu, un jeune rwandais qui s’appelait Dany et sa maman que nous avons réussi à faire régulariser ! » A l’été 2006, son mari est muté à nouveau et ils reviennent dans le Gard. Désormais directrice d’école, Dany s’investit dans RESF 30 et constate qu’il n’y a pas de groupe de La Cimade dans le secteur d'Alès. Qu’à cela ne tienne, elle débauche une copine instit et démarre les permanences juridiques à Alès, avec l’appui de Jean-Paul Núñez, alors DNR de la région Languedoc-Roussillon. « Dans la permanence, chaque régularisation est une vraie joie ! Ce qui me plait c’est de me battre, de me battre avec, et d’arriver jusqu’à la victoire ! Par exemple, j’ai dans mon école un petit garçon de 3 ans dont la maman a été sans papiers pendant 4 ans, avant d’être accompagnée par La Cimade et enfin régularisée. Et aujourd’hui, elle est devenue déléguée de parents d’élèves !! A chaque fois que je la vois prendre la parole en conseil d’école, c’est un bonheur pour moi ! » Parce qu’elle « aime se poser des défis », Dany a demandé il y a deux ans à être mutée dans un quartier d’éducation prioritaire où elle est confrontée encore plus durement à la réalité des familles en situation de précarité. En parallèle, elle est devenue déléguée syndicale à la SNUipp-FSU, au sein duquel elle défend le droit des salariés enseignants : « C’est une mission qui ressemble un peu à la permanence juridique, d’une certaine façon. J’écoute les difficultés de mes collègues et je recherche des solutions, notamment par les textes ! De plus la FSU est un syndicat qui n’est pas seulement corporatiste mais qui travaille sur la transformation sociale en général : féminisme, défense des droits de l’Homme… C’est un combat qui a beaucoup de sens pour moi.» Au sein de La Cimade, Dany a pris des fonctions dans l’équipe régionale, dont elle est aujourd’hui la secrétaire, et est devenue membre de l’assemblée générale nationale. « La Cimade m’apporte beaucoup en terme relationnel, j’ai découvert des gens très intéressants, notamment pendant les AG ou les sessions nationales : lever le nez du guidon pour se nourrir de ce que font les autres, ça fait du bien ! J’apprécie aussi beaucoup le contact des salariés, leur compétence et leur engagement. Par contre, je suis quelqu’un de très pragmatique, alors quand les réflexions partent trop dans les nuages, je m’ennuie un peu ! Je trouve que La Cimade est parfois un peu déconnectée des réalités, et que les Cimadiens ne réalisent pas tous pleinement les difficultés matérielles auxquelles sont confrontées les personnes étrangères aujourd’hui – peut-être ai-je cette impression parce que moi, je les vois tous les jours dans mon métier. » Toujours présidente du groupe local d’Alès, elle apprécie beaucoup ce petit groupe convivial, auquel elle apporte son énergie, mais aussi sa capacité à repérer les compétences des gens et leur faire confiance. « C’est sûrement mon côté instit ! Parfois je lance une personne du groupe sur un projet et quand je la vois le conduire de A à Z, et que ça marche, je suis ravie, c’est une vraie récompense. J’aime voir les gens s’épanouir dans la place qu’ils ont prise ! » |