Points de vue - Retours sur la journée de décryptage sur les frontières européennes, à Lille 

Une journée de décryptage sur les frontières européennes a été organisée à Lille le 3 juin. Frédéric, cimadien de Lille et co-organisateur de cette journée, et Elysabeth Marque, cimadienne de Nice et intervenante lors d’une table ronde, nous racontent comment ils ont vécu leurs rôles respectifs.
 
 
Frédéric Tignon, membre de La Cimade de Lille, organisateur de la journée
 
L’organisation de cette journée a été une très belle expérience !
 
J’ai commencé mon bénévolat à la Cimade en 2011 au sein de la permanence juridique. Mais ensuite j’ai eu une petite fille, je travaille par ailleurs en tant que facteur, et c’est devenu plus difficile pour moi d’assurer une présence hebdomadaire régulière à la permanence et le suivi des dossiers.
Comme j’avais quand même envie de continuer à donner de mon temps, Elodie Béharel, la déléguée nationale en région Nord-Picardie, m’a proposé de m’investir sur un projet au long cours : l’organisation de la journée de décryptage « Frontières européennes : défense d’entrer ? », qui devrait avoir lieu à Lille le 3 juin. Cela me permettait de mener une activité bénévole tout en m’affranchissant de la contrainte de la présence hebdomadaire et en gérant moi-même mon temps.
 
C’était la première fois que j’organisais un évènement, et cela m’a permis de toucher à pleins de choses que je n’avais jamais faites. J’étais missionné principalement sur l’organisation logistique : trouver la salle, le traiteur, l’hôtel, compiler les inscriptions, réceptionner les chèques… J’étais en lien constant avec Annette Huraux, salariée de la commission solidarités internationales au siège national, qui coordonnait l’organisation de la journée et tous les aspects touchant à la thématique elle-même, et bien sûr avec Elodie pour la région.
L’organisation a commencé en octobre pour un évènement début juin : 9 mois de travail, comme une grossesse !
 
L’organisation de cette journée m’a apporté pleins de choses. J’ai aimé m’investir par un autre biais que le juridique : d’une certaine façon, je me suis découvert !
J’étais content aussi de pouvoir apporter quelque chose aux autres militant.e.s de La Cimade, venus de partout en France, et aussi aux participants hors Cimade : il y avait beaucoup de partenaires présents, nous avons touché tout le tissu associatif de la région. Il faut dire que le Nord et le Pas de Calais sont fortement concernés par la thématique des frontières européennes, du fait de la proximité du Calaisis. Le jour J, les échanges étaient très riches, par exemple suite à l’intervention de Nathanaël Caillaux sur la façon dont la solidarité s’organise à Calais : chacun a pu partager sa propre expérience de la solidarité, les difficultés à la mettre en place et la faire perdurer… C’est un sujet très concret finalement !
Cette journée m’a aussi permis de faire de belles rencontres, notamment l’équipe des solidarités internationales au siège national que je ne connaissais pas : Annette Huraux, Eva Ottavy, ainsi que Gipsy Beley la chargée des questions européennes… Des rencontres très motivantes !
 
En résumé, cette expérience m’a beaucoup enrichi, je suis ravi. Je vais bientôt avoir un deuxième enfant, donc ce sera d’autant plus difficile de reprendre une activité régulière dans une permanence, mais en revanche j’ai bien envie de m’investir sur un nouveau projet !
 
 
Elysabeth Marque, membre de La Cimade de Nice et intervenante lors de la journée
 
J’ai été sollicitée pour intervenir lors de cette journée, dans le cadre d’une table ronde intitulée « Migration : Stratégie de repli des Etats membres et de l’Union européenne ». Je suis venue raconter ce qui se passe sur le terrain ces derniers mois à Vintimille, à la frontière italienne, où le groupe local de Nice est très investi.
 
Voici mes quelques impressions sur ma participation à cette journée :
 
1/ AVANT : une préparation qui m'a demandé un travail sur l'historique de la situation à la frontière. Relativement facile, puisque nous avions gardé les informations transmises au fur et à mesure sur la liste interne de La Cimade tout au long de l'année. Je me suis aussi appuyée sur les articles de presse glanés tout au long de la période.
J'appréhendais beaucoup mon intervention en public (peur de ne pas capter l'attention, d'être confuse, de ne pas prononcer le bon mot, d'aller trop vite ou pas assez, etc.....)
 
2/LA VEILLE, en arrivant, le plaisir éprouvé de rencontrer l'équipe de la commission solidarités internationales et les intervenants. Ce moment de convivialité a été très important, rassurant, sympathique. Cela m'a confortée dans l'idée que cette intervention était un moment d'échange et que le manque d'expérience de l'exercice serait compensé par la spontanéité et la réalité de l'expérience "terrain".
 
3/ LE JOUR J : ma première impression en arrivant sur les lieux a été de voir un public qui ne pouvait être que bienveillant et une salle qui n'avait rien d'impressionnant, ce qui m’a un peu rassurée ! 
 
4/ l'INTERVENTION : en me lançant, le sentiment de me libérer... L'appréhension bizarrement disparue, la satisfaction de témoigner de notre vécu ici avec cette population de migrants. Il faut dire que nous subissons des chocs constants au contact du malheur de ces personnes et de notre impuissance à faire bouger vraiment les choses. Pouvoir en parler à un public attentif fait un peu de bien !
 
5/ LES QUESTIONS : je les redoutais aussi, j’avais la crainte de la « question piège », mais là encore pas trop de souci (surtout parce qu'il n'y en a pratiquement pas eues).
 
6/ APRES l'INTERVENTION : des personnes sont venues me voir pour des compléments d'infos ou pour proposer une aide, je ne m’y attendais pas !
J'y ai répondu bien volontiers et me suis attachée à en faire le suivi une fois rentrée. Là aussi on se dit que cela valait le coup d'être là.
 
EN CONCLUSION : Voilà, je suis très contente d’être venue et je recommencerai volontiers ! Et une autre chose très importante pour nous bénévoles, qui sommes loin physiquement des équipes du siège : c'était une occasion de les connaître et d'avoir le sentiment de vraiment faire partie du même mouvement !