Portrait de Cimadienne - Elodie Aguilar, à Agen25 octobre 2016 | Portrait réalisé par Marion Rouillard ![]() Elodie est prof d’histoire-géo à Fumel. Un petit lycée de 500 élèves dans une petite ville de Lot-et-Garonne où la métallurgie a fermé, mais où on résiste depuis un bail (les Espagnols républicains ont fomenté ici un coup d’Etat raté) : un centre culturel, des projets enthousiasmants en équipe pédagogique, ... Originaire d’Amiens, Elodie part faire son mémoire de maîtrise en histoire à Bordeaux, sur la période de septembre et décembre 1914 où le gouvernement de la France s’est délocalisé. En préparant son CAPES, elle découvre les charmes de la géographie, et devient professeur à Fumel. Il y a déjà 9 ans. Aujourd’hui maman de jumelles de 5 ans, Elodie se réjouit, rétrospectivement, de ne pas avoir abandonné son engagement à La Cimade qui lui a gardé la tête hors de l’eau quand ses filles sont nées. En venant vivre à Agen, Elodie s’installe en colocation avec deux jeunes femmes. L’une d’elle a été bénévole à La Cimade de Toulouse : « Avec une de ses amies, elle avait demandé l’autorisation d’intervenir au local de rétention sordide situé au sous-sol du commissariat de police d’Agen… que la préfecture a alors fermé. Le groupe local d’Agen s’est monté en 2008 avec 4 personnes, nous sur Agen et Jacques Van-Heems (aujourd’hui disparu) à Villeneuve-sur-Lot. Sans local ni téléphone, on devait aller chez les personnes… du bricolage ! » L’année dernière, avec les vagues de médiatisation de la guerre en Syrie, beaucoup de gens ont approché La Cimade pour « aider des Syriens ». Beaucoup sont repartis aussitôt… certains sont restés et se sont mis dans le coup, permettant d’organiser un accueil sur 3 lieux : Agen, Villeneuve-sur-Lot, et Marmande. « Notre local d’Agen est prêté. Les gens que nous accompagnons sont en détresse et viennent dès qu’ils voient la porte ouverte, pas seulement quand se tient notre permanence, nous le comprenons bien. Il nous faudra trouver un autre local, co-loué avec d’autres associations qui comprennent aussi notre besoin de garantir à ces personnes une ambiance chaleureuse et confidentielle… » Elodie a déjà pris son tour de présidence tournante du groupe local d’Agen, un an chacun(e). Elle est actuellement déléguée à l’AG nationale pour la région Sud-Ouest, et membre du conseil régional Sud-Ouest. Ce que je trouve à La Cimade ? « Je pense que les personnes qui viennent en France sont avant tout des êtres humains. Ils sont mal accueillis, et, surtout, pas entendus. L’accueil à La Cimade, c’est écouter, informer sur les droits, sur la situation juridique et administrative : rien que ça, c’est donner les clés pour faire son propre choix ! C’est bien ce qu’on dit aux nouveaux bénévoles qui arrivent : ne jamais dire aux gens ce qu’on ferait « à leur place », car ce n’est pas notre vie… Je me donne de la peine, comme tous, pour bien expliquer les avantages et inconvénients de chaque possibilité, et bien souvent, même si je n’ai l’impression de donner le choix qu’entre peste et choléra, les personnes reçues nous remercient… je crois qu’on participe à un minimum de dignité ! C’est ça qui me porte : permettre aux personnes de reprendre la main sur leur vie ! La Cimade ne donne pas les papiers, ni du travail, ni un hébergement, mais elle contribue à redonner de la dignité humaine. » |