Portrait de Cimadienne - Monique Guyot-Berni, à Clermont-Ferrand31 mars 2017 | Portrait réalisé par Marion Rouillard
Les grands-parents de
Monique étaient Italiens tous les deux, de Toscane et de Venise. Ils se sont
rencontrés en France, dans le Nord. Maçon, son grand-père a tout soldé pour
rentrer au pays, en 1928, mais la crise économique de 29 brise ce projet. Les
grands-parents de Monique reviennent en France et s’installent à Clermont-Ferrand.
C’est là que naît son père, puis Monique elle-même, d’une mère auvergnate.
Monique a 60 ans, institutrice retraitée après deux ans en Algérie puis toute sa carrière dans des quartiers très « mixtes » de Clermont-Ferrand. Pendant les quinze ans qu’elle passe avec elle, sa grand-mère italienne lui raconte… comment il fallait « être le plus discret possible, et travailler très dur ». Sa mère lui avait confié que dans l’entreprise où elle travaillait, on lui avait assez reproché de « se marier avec un rital »… Monique est protestante. Elle s’engage dans le groupe de la paroisse qui veut s’informer, réfléchir, discuter au moment de la création d’un « lieu de rétention administratif » à Clermont-Ferrand, dans les années 80. Ce groupe est composé de donateurs Cimade, à qui les équipiers racontent des histoires « tellement dingues »… qu’il devient « association groupe local » Cimade. Monique en accepte la présidence, et y tient des permanences : « Au début, il n’y avait qu’une poignée de protestants, dont plusieurs anciens résistants, qui avaient caché des gens pendant la guerre… On était peu nombreux. Heureusement, on travaillait bien, en réseau. Quand RESF se monte, dans les années 2000, on se réjouit. La société civile commençait de se mobiliser. Mais les formes d’actions proposées ne correspondaient pas à ce que nous voulions faire et être à La Cimade : nous ne voulions pas faire de publicité autour des personnes que nous recevions et que nous accompagnions. Il a fallu nous démarquer. A présent, nous sommes reconnus comme faisant un travail d’accompagnement et de conseil très sérieux. » Monique est alors institutrice à mi-temps, car engagée politiquement par ailleurs : « Il fallait faire tout ce qu’on entreprend avec tout le sérieux que cela mérite : l’engagement d’élue municipale (PS), adjointe au maire d’Aubière (10 000 habitants), c’est 35 heures par semaine »… Jusqu’au jour où les adjoints finissent par démissionner, par désaccord avec le maire. Ils restent élus mais quittent aussi leur parti politique parce qu’on leur demandait de se taire. Monique devient alors coordinatrice d’une équipe de « réussite éducative » (plan Borloo) qui exige un engagement social auprès des familles des élèves, presque toutes migrantes. Monique savoure la satisfaction de permettre enfin aux familles d’entrer dans l’école… Elle n’a plus le temps de venir tenir les permanences à La Cimade, mais devient trésorière régionale. Par la suite, elle demande sa retraite pour être plus disponible pour son père malade.. Egalemet présidente de l’ADMR 63 (association de services à la personne), donc responsable de ses 35 salariés, elle s’engage à la fois dans le maintien à domicile des personnes âgées et dans le maintien de l’emploi… Et revient vers La Cimade dont le groupe local « 63 » grossit régulièrement : le festival Migrant’scène retient toute son attention. Elles sont deux cimadiennes à construire une programmation à Clermont-Ferrand, deux ans de suite. En janvier 2016, autour du dynamique président de groupe, une quinzaine de bénévoles forme une joyeuse équipe intergénérationnelle de sensibilisation très efficace, avec de nouvelles idées précieuses (comme la page de « crowdfunding » qui permet de trouver à la fois de nouveaux adhérents et de nouvelles participations financières). Clermont-Ferrand bénéficie d’un microclimat favorable aux entreprises novatrices : l’ancien président du groupe local, passionné de coopératives, avait mis en place, avec La Cimade, une structure locale d’hébergement d’urgence avec du financement « social et solidaire ». Monique elle-même, est présidente d’une Cigales (Club d'investisseurs locaux au service du développement d'entreprises solidaires), qui soutient financièrement des projets et créations d’entreprises : « On est des citoyens, et c’est ensemble qu’on peut faire quelque chose ! ». |