Dans nos régions - Mobilisation et projects à la frontière italienne23 mai 2017 | Devant la situation
catastrophique à la frontière franco-italienne, La Cimade a décidé de lancer un
travail de coordination avec d’autres associations, ce qui a donné lieu à une
rencontre importante fin avril à Nice. Point sur les projets et perspectives,
dans un contexte politique local particulièrement tendu. Depuis 2015, une situation dramatique
La situation sur le terrain est d’autant plus difficile que
le contexte politique local est particulièrement tendu, dans un département où
préfet, président de région et président de département sont ouvertement défavorables
aux réfugiés et migrants. Cette hostilité se traduit par des pratiques
administratives et policières à la marge ou en violation du droit
français : refoulements, non accès à la procédure de demande d’asile, non
prise en charge des mineurs isolés… Les défaillances se multiplient au fil
du temps, la situation ne cessant de se détériorer. Lancement d'un travail inter associatif
« Médecins du
Monde, Médecins sans Frontières, Amnesty International, le Secours Catholique
et La Cimade ont partagé un constat : chacune des associations menait des
actions à la frontière, chacune dans des domaines différents, mais sans vraiment
travailler ensemble », explique Marine De Haas, responsable des
questions européennes au sein de l’équipe des pôles thématiques nationaux de La
Cimade. « Elles ont donc décidé de
se réunir pour voir comment elles pourraient se coordonner, avec différents
enjeux : soutenir les acteurs locaux (les groupes locaux de nos
associations, mais aussi toutes les autres associations locales qui sont très
investies à la frontière), organiser une coordination concrète entre acteurs
français et acteurs italiens, mener ensemble des projets d’accompagnement des
personnes ou de collectes de données, construire et porter des positions et
revendications communes… »
Des temps de plénière permettent de faire le point sur les objectifs de la rencontre et le travail mené par les différentes associations. Un temps de parole est consacré aux partenaires italiens pour qu’ils puissent exposer à tout.e.s la situation à Vintimille, et plus globalement la situation des personnes migrantes et réfugiées en Italie.
- Les questions humanitaires (besoins sanitaires
et sociaux) Pour chacune de ces thématiques, les participants définissent
quels sont aujourd’hui les manques et les besoins sur le terrain, et quelles
solutions concrètes pourraient être mises en œuvre. « Ces ateliers
ont été très productifs, de vraies pistes d’action ont été portées »
se réjouit Marine De Haas. « Par
exemple, pour renforcer la protection juridique, nous avons parlé de développer
des formations pour les acteurs locaux sur les procédures à la frontière. Sur le
thème du délit de solidarité, nous avons pensé à la réalisation d’un guide
pratique à l’attention des personnes poursuivies et qui expliquerait où
trouver un avocat ou du soutien, comment on organise une cagnotte solidaire,
les avantages et inconvénients de la médiatisation d’un procès, etc. »
Les perspectives pour La Cimade
Entre temps, les échanges se poursuivent pour que le travail
soit déjà engagé sur les différents chantiers.
En parallèle, le groupe local de Nice va également
s’investir sur la question des mineurs, la rencontre des 26 et 27 avril ayant
aussi été l’occasion pour les acteurs locaux de créer plus de liens entre
eux : « En marge de l’évènement,
nous avons pris un temps de travail avec l’antenne locale d’Amnesty
International, et nous avons décidé de travailler ensemble sur le sujet de
l’information sur le droit des mineurs, enjeu crucial auquel nous sommes
confrontés au quotidien ici. » raconte Elisabeth Marque. « Plusieurs pistes concrètes ont déjà été
évoquées, comme de tenir une permanence hebdomadaire à Vintimille pour
expliquer aux mineurs ce qu’ils doivent faire en arrivant en France, ou encore
intervenir auprès d’acteurs comme les foyers de l’enfance, l’aide sociale à
l’enfance, le conseil départemental… » Les prochains temps de travail entre l’ensemble des acteurs
impliqués devraient donc permettre de mieux coordonner les différentes actions
envisagées, de construire une réelle coopération entre les acteurs français et
italiens, et de favoriser une nouvelle dynamique pour défendre les droits des
personnes migrantes des deux côtés de la frontière. Cette mobilisation
permettra aussi de confirmer la volonté d’un soutien national et régional aux acteurs
associatifs locaux en prise avec une situation particulièrement difficile. |