L'actu du moment - La Cimade en action contre le « Code de la honte »19 avril 2018 | Alors que
le projet de loi asile et immigration est en débat
à
l’Assemblée Nationale, La Cimade se mobilise de
plus belle
pour faire entendre sa voix. L’action coup de poing
« Le
Code de la honte », réalisée ce lundi
16 avril par
40 groupes locaux dans toute la France, a ainsi permis de rendre nos
positions visibles et audibles dans l’espace
médiatique.
Une opération qui vient en complément des autres
mobilisations menées ces derniers mois, comme les rencontres
de
membres de La Cimade avec des députés LREM sur
tout le
territoire. Depuis le début de
l’année, les actions de communication
nationales et régionales sur le projet de loi ne cessent de
se multiplier. On peut notamment
citer : -
le dossier
de décryptage de la loi, diffusé en
février au moment du passage du texte en conseil des
ministres, et
mis à jour régulièrement depuis. Cet
outil d’analyse des mesures les plus
inquiétantes de la loi a permis aux
militant·e·s, aux journalistes et aux
parlementaires de s’approprier les grands enjeux du projet. -
7
vidéos de décryptage ont
été tournées et diffusées
sur
Internet,
avec des interviews de membres de l'équipe
salariée de La Cimade s’exprimant sur des
problématiques choisies (philosophie du projet de
loi, enfermement des
enfants en rétention, durée de la
rétention, asile, bannissement, délit de
solidarité, Outre-Mer). -
L’opération
autocollants « Chute de droits »,
qui a permis aux groupes locaux de rendre visible la position de La
Cimade sur
tout le territoire -
De nombreux communiqués de presse et une forte
présence
dans les médias -
Une activité intense sur les comptes Facebook
et Twitter
de La Cimade, qu’ils soient nationaux ou locaux -
De nombreuses manifestations et réunions publiques partout
en France, organisées par La Cimade seule, en
interassociatif ou dans le cadre
des Etats Généraux des Migrations. La grève des intervenants en rétention, menée le 4 avril en parallèle des actions institutionnelles Cimade, a également contribué à la visibilité de nos positions contre le projet de loi. (voir notre article Main dans la main). Action coup de poing : le Code de la Honte sur le devant de la scène Le passage du texte
à l’Assemblée Nationale cette semaine
étant
le moment le plus propice pour nous permettre une présence
médiatique, c’est le
lundi 16 avril que La Cimade s’est mobilisée
autour d’une « action coup de
poing » dont la surprise a su être
préservée jusqu’au jour J.
Baptisée
« Le Code de la honte », cette
opération consistait à se rendre
devant les permanences des député·e·s LREM, munis de
panneaux routiers détournés
et symbolisant les mesures les plus répressives de la loi,
pour leur demander
de refuser son adoption. Une action spécifique
était prévue à Paris, devant
l’Assemblée Nationale. Très visuelle, cette
action avait pour but d’interpeller les
médias et ainsi de rendre visible notre position
auprès du grand public. Ce sont 40 groupes locaux
à travers toute la France, soit près
de la moitié des groupes Cimade, qui
se sont mobilisés pour
participer à cette action, y compris dans des villes de taille moyenne
(Auch, Sens,
Vannes, Lorient, Alès, Tarbes,
Charleville-Mézières, Arras, Troyes,
Narbonne…). A Paris, La Cimade a
affrété un bus pour amener sans
encombres militant·e·s et journalistes devant
l’Assemblée Nationale et produire
des images devant ce lieu symbolique. « L’objectif
d’impact médiatique a été
pleinement atteint » se réjouit
Rafael
Flichman, chargé de communication externe et pilote national
de l’action.
« Il y a eu une couverture
média
très importante, comme en témoigne l'abondante revue
de presse de plus de 40
pages (et il en manque certainement !) Au niveau national,
nous avons
obtenu une dépêche AFP, des articles dans
plusieurs journaux (Le Monde,
Libération, L’Humanité, La Croix,
Politis) et les principales radios (RTL,
Europe 1, RMC, RFI, RCF). Au niveau local, les groupes ont su mobiliser
les
médias régionaux, avec une couverture des France
3 régions, de France Bleu et
de très nombreux articles dans la PQR. Notre seul regret est
de ne pas avoir
obtenu plus de présence en télé,
surtout à Paris – dommage car la dimension
visuelle de l’action s’y
prêtait ! Mais d’autres villes ont eu plus
de
succès, par exemple à Marseille où un
reportage a tourné en boucle sur CNews. » La présence sur
Internet n’a pas été en
reste : « La
Cimade a abondamment nourri les réseaux
sociaux, et nous avons eu des centaines de partages et de retweets.
Notre action a notamment
été relayée par des
comptes comptant beaucoup d’abonnés, comme celui
d’Edwy Plenel, ou celui de la
France Insoumise ». Les groupes locaux de La Cimade ont transmis très rapidement des images au siège national, mises en ligne au fur et à mesure sur le site Internet, ce qui a permis de les valoriser nationalement et donner une dimension massive à l’action. ![]() A souligner, deux groupes (Auch et Mulhouse) ont été jusqu’à réaliser chacun une vidéo de qualité, montée et transmise au siège en un temps record. « La vidéo de Auch a même eu un écho national, car nous l’avons reçue à temps pour qu’elle puisse être incluse à la dépêche AFP » souligne Rafael Flichman, « d’où l’intérêt que ça ait été fait vite ! » Voir les vidéos et toutes les images de l'évènement Au-delà de
l’impact médiatique,
l’opération a eu d’autres
retombées intéressantes. Dans de nombreuses villes, les
militant·e·s ont pu mener
l’action telle qu’elle avait
été imaginée au départ,
c’est-à-dire en
rencontrant effectivement le ou la
député·e
présent·e dans sa permanence. Pour
certains groupes, l’opération a
également été l’occasion de
mobiliser les
partenaires locaux, et ainsi renforcer la dynamique interassociative.
« Des partenaires nous ont
d’ailleurs
contactés en demandant à emprunter nos panneaux »
note Rafael
Flichman. « Nous les avons
aussi mis
en téléchargement, à cet effet, sur le
site Internet ».
Mais surtout,
l’action a permis d’atteindre un autre
objectif : celui de redonner du sens à nos actions
collectives. « Nous
voulions que cette action participe à
redynamiser la militance » explique Rafael
Flichman. « Et c’est
l’un des échos que nous avons de la
part de celles et ceux qui ont participé. Plusieurs
bénévoles nous ont remercié
en nous disant que cette action leur avait fait du bien ». A Paris, La Cimade a franchi un
pas de plus vers la limite
de la légalité en manifestant sans autorisation devant
l’Assemblée Nationale, ce qui est en
principe interdit. La police a été
très proche d’intervenir. « Après coup, certains
bénévoles nous ont dit
qu’ils auraient eu envie d’aller plus loin, et de
se faire réellement embarquer
par la police » raconte Rafael Flichman.
« Aller
jusque-là aurait augmenté le
côté spectaculaire de l’action et
donc probablement les retombées médiatiques. Du
coup ça interroge : est-ce
qu’une prochaine fois, La Cimade franchirait ce
pas ? C’est une question
qui pourrait éventuellement nous amener vers un type
d’action plus radical,
impliquant plus de préparation, de formation… et
de discrétion. » En attendant les prochaines actions, rappelons que les panneaux du Code de la Honte peuvent être réutilisés à l’envie : dans des manifestations, des évènements, des conférences de presse, des rencontres des EGM… au moins jusqu’au vote du projet de loi. Pendant ce temps-là,
à l’Assemblée Nationale… Ce lundi, pendant que les cimadien·ne·s se mobilisaient aux quatre coins de France, les débats parlementaires sur la loi asile et immigration ont commencé à l’Assemblée, après quelques modifications du texte en commission des lois qui n’ont changé en rien la philosophie générale du projet. En cette semaine de débat parlementaire, le dialogue apparaît comme particulièrement fermé. « Gérard Collomb campe sur ses positions », explique Sophie Dru, adjointe de la responsable aux pôles thématiques, qui suit de près les débats parlementaires. « Des menaces d’exclusion ont été proférées par le chef de file des députés En Marche, Richard Ferrand, à l’encontre des député·e·s de la majorité qui déposeraient des amendements ou s’opposeraient au projet de loi. Les scrutins étant publics, les parlementaires « dissidents » sont repérés tout de suite. » En conséquence, les députés qui ont des réserves vis-à-vis du projet de loi défendent des améliorations à la marge, mais pas d’amendement plus radical, qui viserait par exemple à supprimer le délit de solidarité ou l’enfermement des enfants. A l'heure où nous bouclons la Cimadine, les débats en séance publique continuent d'avancer, très lentement. Nous doutons à ce stade qu'ils conduisent à une réelle amélioration du texte. A l'issue de ce premier passage à l'Assemblée Nationale, le projet de loi passera ensuite au Sénat où il sera discuté en séance publique, probablement vers mi-juin. En cas de désaccord entre les deux assemblées, on s'orientera vers un dernier mot à l'Assemblée Nationale pour un vote final sur le texte cet été.
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