Dans nos régions - Accès aux préfectures et prises de rendez-vous sur Internet19 avril 2018 | La généralisation de la prise de rendez-vous sur Internet a fait disparaître les files d’attente devant les préfectures, mais pas la véritable galère qui attend dans la plupart des régions les personnes étrangères souhaitant déposer une demande de titre de séjour. Exemple à Montpellier, où le groupe local se mobilise pour faire valoir les droits des personnes. Depuis 5 ans, de plus en plus de préfectures obligent les
personnes étrangères souhaitant déposer une demande de titre de séjour
(première demande ou renouvellement) à prendre rendez-vous sur Internet. La
Cimade a rapidement constaté que dans beaucoup de villes, notamment les grosses
et moyennes préfectures, les sites Internet ne proposent pas suffisamment de
rendez-vous, empêchant de fait de nombreuses personnes de déposer leur demande. Dans l’Hérault, le
tri par l’attente A Montpellier comme dans beaucoup d’autres villes, l’accès à la procédure fonctionne très mal depuis longtemps, bien avant la dématérialisation des prises de rendez-vous. Le groupe local est donc mobilisé de longue date sur ces questions. « Déjà en 2000, nous avions fait une observation des rendez-vous à la préfecture qui avait donné lieu au rapport « Le pouvoir du guichet », publié par La Cimade, en hors-série du magazine Causes Communes. A l’époque, il y avait des files d’attente épouvantables, les personnes attendaient de nuit pendant des heures et quand à 9h la préfecture ouvrait ses portes, c’était la cohue » se souvient Michel Elie, bénévole au groupe local de Montpellier. « Ce rapport avait eu un effet : il avait suscité une enquête du ministère de l'intérieur et quelques temps après l'accueil avait été réorganisé et "humanisé". Alors quand il y a 3 ans les prises de rendez-vous sur Internet ont commencé à se mettre en place, nous avons monté un groupe de travail pour observer ce qui se passait. Chaque semaine, nous nous connectons pour voir combien de rendez-vous sont disponibles et nous le notons. Nous nous appuyons ensuite sur ces données dans nos discussions avec la préfecture. »
On constate ainsi qu’à Montpellier, la procédure est complètement bouchée pour les premières demandes : le taux d’échec de prise de rendez-vous (aucun rendez-vous proposé par le site) est de 100% ! En fait, le seul et unique moment où il est possible de décrocher un rendez-vous est entre minuit et une heure du matin la nuit du dimanche au lundi, quand la préfecture débloque une trentaine de propositions… immédiatement prises d’assaut. Pour les renouvellements, les possibilités de prise de rendez-vous sont un peu plus importantes : 52% des requêtes se sont soldées par un échec, 35% par une première date possible entre un et deux mois, 7% par une seule date possible sous un mois, et 6% par au moins deux dates possibles sous un mois. ![]() A la sous-préfecture de Béziers, la différence de traitement entre les premières demandes et les renouvellements est encore plus nette : il est très difficile pour les personnes en situation irrégulière de trouver un rendez-vous, alors que ces rendez-vous sont mis sans difficulté à disposition des personnes en situation régulière. « Ces données
sont précieuses pour nos discussions avec la préfecture, et la mise en place du
robot nous a donné des billes supplémentaires en permettant de comparer avec
d’autres départements » note Michel Elie. « A Montpellier, suite à notre mobilisation, la préfecture a fait des
concessions pendant un temps pour les personnes en situation régulière, mais
depuis la situation s’est à nouveau dégradée. Pour les premières demandes, en
revanche, le nombre de rendez-vous n’a jamais été augmenté. Le cas de Béziers
est éloquent : la préfecture pourrait répartir différemment les
rendez-vous entre première demande et renouvellement, mais choisit de ne pas le
faire car donner des rendez-vous aux personnes en situation irrégulière augmenterait
le nombre de dossiers, et donc mécaniquement le nombre de régularisations.
Derrière l’excuse du manque de moyens, c’est une vraie stratégie politique qui
est à l’œuvre. »
Affronter les
préfectures par une action contentieuse massive
« Nous sommes en
train de nous organiser pour mettre en place cette action à Montpellier »
déclare Michel Elie. « Et nous
l’associons localement à une autre action menée en amont : nous
recommandons à toutes les personnes concernées d’envoyer un message à la
préfecture via le formulaire de contact du site, en disant qu’elles n’ont pas
pu obtenir de rendez-vous. Un accusé de réception automatique leur est envoyé,
ce qui permet d’avoir une preuve écrite de leur envoi. Selon la charte
Marianne, la préfecture est supposée répondre sous 5 jours. Ce sera une autre
façon de faire pression sur la préfecture lors de nos discussions. » Pour avoir plus de poids, le groupe de travail de
Montpellier est devenu départemental et interassociatif : y participent
les accueils Cimade de Sète et Béziers, ainsi que d'autres structures qui
accueillent les étrangers : RESF 34, ABP34, LDH 34, Cicade. Le groupe travaille
par ailleurs en lien étroit avec le SAF. « Ce projet de
contentieux massif va demander un gros travail de coordination entre avocats et
bénévoles » souligne Lise Faron. « Nous ne savons pas non plus comment les préfectures vont réagir, ni ce
que les tribunaux rendront comme décisions. Nous serons peut-être amenés à
ajuster la stratégie au fil des résultats. Mais nous avons déjà eu une bonne
décision en Ile de France à Montreuil, c’est donc que c’est possible !
Et plus notre action sera massive, plus elle sera intéressante. » Alerter les médias
via une action de communication publique
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