Portrait de cimadien - Valentin Fonteray, co-président du groupe local de Grenoble29 juin 2018 | Portrait réalisé par Marion Rouillard ![]()
Quand j'ai quitté Paris où j'étais barman, et après de grands voyages, je suis arrivé à Grenoble où j'ai pu loger dans un appartement familial, et j'ai décidé de faire une formation d'un an en FLE. Je me suis vite rendu compte que j'avais besoin d'un peu d'expérience pour chercher ensuite un travail dans ce domaine et y être efficace. J'ai proposé mes services au groupe local de La Cimade de Grenoble… et on m'a proposé plein d'autres choses, comme l'intervention en prison, pour accompagner les détenus dans leurs histoires de papier, et, bien sûr, les permanences d'accueil. Je me suis présenté à la présidence du groupe local, en janvier 2017, en co-présidence avec Dorothée, une dame retraitée. Nous voulions proposer un fonctionnement plus collégial que ce qui se faisait jusque-là, et ça marche bien comme on l'avait imaginé ! Notre groupe se développe, en ce moment, avec beaucoup de nouvelles personnes bénévoles qui arrivent, de tous les âges et avec des personnalités très variées. J'ai aussi accepté de m'engager au Bureau de la Région, sur les questions juridiques, de plaidoyer : c'est ma grande conviction ! Pour l'instant, je suis disponible, sans emploi : c'est qu’entre les accompagnements et les mandats, ça prend du temps ! La Cimade me plaît beaucoup : ni sociale, caritative, ni humanitaire : le juridique et l'administratif permettent d'accompagner les personnes, au lieu de les "aider" ! Je ne me verrais pas dans une association qui aide, au quotidien, avec des repas, des vêtements, de l'hébergement… car concrètement, il y a toujours quelque chose qui me gêne dans cette aide "caritative", c'est qu'on comble des lacunes dans le fonctionnement de l'Etat. Avec notre entrée juridique, dans les problèmes traversés par les personnes, on les accompagne en attaquant les manquements de l'administration pour que tout le monde ait accès à un fonctionnement "normal". C'est très différent ! Le contentieux, l'expertise juridique, c'est pour contribuer à un fonctionnement généralisé, universel de nos réglementations et lois : on oblige les administrations à respecter la loi, pour toutes les personnes étrangères, pas seulement la poignée que nous accompagnons avec nos petits bras… Pour donner un exemple, nous avons vu les difficultés de parents d'enfants français à obtenir un récépissé. Quand La Cimade écrivait à la préfecture, la situation se débloquait, mais ça n’aidait que peu de personnes. On a changé de tactique, on est passé aux actions de contentieux. La préfecture a fini par se lasser, avant nous, et a décidé de donner les récépissés aux parents d'enfants français, sans plus faire de difficulté… on a gagné ! La loi est enfin appliquée à tous ! Le groupe local de Grenoble fait également de la sensibilisation : une dizaine de personnes vient spécifiquement pour ça. L'activité FLE, elle, a été lancée au départ pour les "Jeunes en danger", l’Isère étant très concernée par cette question. Et puis le public s'est vite diversifié. Les cours se font les mercredis et jeudis, et grâce à la présence de 3 bénévoles, on peut faire 3 groupes qui se réunissent pendant 2 h, avant un goûter commun, où on fait de la conversation de groupe. Il faut avouer que la moitié des bénévoles de FLE sont quand même des professionnels. Côté prison, la présence à la maison d'arrêt implique deux personnes. La Cimade a une bonne relation avec le SPIP, mais les personnes que nous voudrions accompagner sont victimes des mauvaises relations entre le SPIP et la préfecture. Ainsi le dépôt d'une demande de titre de séjour est tellement long pour les incarcérations pour des peines courtes que la personne incarcérée est sortie avant que la demande n'ait pu aboutir… nous ne pouvons faire que du conseil. A quelqu'un qui aurait un coup de blues, je dirais de venir à La Cimade pour y mener avec d'autres nos actions de plaidoyer qui, parfois, portent des fruits ! Nous obtenons des résultats pour des gens que nous ne connaissons même pas ! La vision collective portée par La Cimade est réjouissante : nous nous battons pour le bien et le droit de toutes et tous ! Propos recueillis par Marion Rouillard
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