L'actu du moment - Festival Migrant'scène 201829 novembre 2018 | Le festival Migrant’scène bat son plein dans toute la France, porté par 67 groupes locaux. Point sur la programmation nationale et illustrations en région Auvergne Rhône Alpes, particulièrement active cette année avec 140 évènements prévus. Migrant’scène au niveau national Ce sont plus de 375 évènements qui sont programmés pour cette édition 2018 de Migrant’scène, un chiffre en forte hausse par rapport à l’année dernière. Parmi les 67 groupes locaux impliqués, on compte 8 nouveaux groupes : Marseille, Saint Brieuc, Annecy, Bourg en Bresse, Chalon sur Saône, Le Mans, Montreuil et Evry. La thématique « Vivre et faire ensemble » a été reprise pour la 3ème année consécutive. « Avoir des thématiques qui courent sur plusieurs années est intéressant » explique Elsa Lauga-Moulédous, coordinatrice des actions de sensibilisation au niveau national. « Cela permet aux équipes de s’approprier pleinement la thématique, mais aussi de nouer des partenariats, de monter des projets sur du plus long terme avec des structures sur le territoire – associations ou lieux culturels par exemple ». A noter, la thématique Vivre et faire ensemble se prête également bien à l’implication et la participation des personnes étrangères dans les actions de sensibilisation, ce qui correspond à un souhait et une ambition de plus en plus partagée à La Cimade. Parmi le type d’évènements programmés, la projection-débat reste une dominante du festival. Le catalogue national de films, qui cette année proposait 13 films aux équipes organisatrices, a donné lieu à la programmation de 85 projections – sans compter celles de films n’ayant pas fait l’objet d’une sélection nationale. Par ailleurs, 4 expositions nationales étaient à la disposition des équipes : celles des 3 années précédentes (Inhospitalité, Justes solidaires et Attention travail d’arabe de l’association Remem’beur) auxquelles est venue s’ajouter la création 2018 de La Cimade, « Cabanes rêvées ou le droit de poser ses valises ». Des ateliers ont été menés avec des enfants du centre d’hébergement de Massy, des apprenants FLE du groupe local de Clermont Ferrand, et une classe UPE2A (unité pédagogique pour les élèves allophones arrivants) d’un collège de Seine-Saint Denis. Les photos de l’exposition sont issues de ces deux derniers ateliers. Elles sont accompagnées de textes pédagogiques visant à rappeler que le peuplement de la France est le fruit de multiples apports de populations. Cette nouvelle exposition a été programmée dans 18 lieux dans le cadre de Migrant’scène. Migrant’scène 2018 en région Auvergne Rhône-Alpes Avec 140 évènements programmés, la région Auvergne Rhône-Alpes (AURA) fait à elle toute seule exploser les compteurs de cette édition 2018, tout en cultivant la variété des types d’évènements, des lieux et des publics. Pour Céline Rabourdin, chargée de projet régional en AURA et en charge du soutien des équipes Migrant’scène de la région, plusieurs facteurs expliquent cette foisonnante programmation. « Nous avons construit cette année un partenariat avec Traces, un réseau régional qui travaille sur l’histoire et les migrations, et dont la biennale se déroule au mois de novembre. Nous avons travaillé avec le coordinateur de Traces en amont, intégré les équipes Cimade dans leurs réunions… Ce partenariat était très intéressant pour nous, nous permettant de travailler sur des aspects plus universitaires, d’avoir plus d’épaisseur. Cela complète bien les évènements habituels de Migrant’scène, dont la porte d’entrée est en général plutôt culturelle. » Le nombre d’évènements labellisés Migrant’scène s’en est naturellement trouvé augmenté : « Des associations locales nous ont approchés parce qu’ils organisaient un évènement pour Traces et qu’ils ont proposé qu’il soit estampillé Migrant’scène » explique Céline Rabourdin. « C’est ainsi que le groupe de Bourg en Bresse, qui n’avait encore jamais participé au festival et n’aurait pas forcément eu les forces nécessaires pour se lancer, a pu s’associer pour la première fois à Migrant’scène. C’est une super occasion pour eux d’entrevoir l’organisation de ce type d’évènement, pour peut-être porter un évènement de façon autonome une prochaine année ! » Parmi les plus novices des groupes AURA organisant Migrant’scène, on compte aussi Annecy qui organise son premier évènement cette année, ou encore Saint-Etienne qui après s’être lancé en douceur en 2017, propose en 2018 une programmation plus étoffée. Dans d’autres villes, le festival est au contraire organisé depuis de nombreuses années par une équipe rompue à l’exercice. Parmi elles, le groupe de Clermont-Ferrand qui a récemment rejoint la région AURA (suite au redécoupage des régions Cimade) et propose à lui seul plus de 20 évènements. Autre secteur très actif, la Savoie et Haute-Savoie proposent une programmation abondante, notamment à Chambéry : « Le festival est porté par des bénévoles qui ne font pas partie de La Cimade, mais qui sont super motivés pour organiser Migrant’scène ! La programmation est très riche : films et expositions, mais aussi spectacles, ateliers, repas, balade urbaine… » Dans plusieurs comités d’organisation, notamment à Lyon et à Grenoble, on trouve également des personnes étrangères, de plus en plus investies dans la construction du festival en amont : « Certaines personnes sont sans-papiers, mais elles ne sont pas là en tant que sans-papiers mais en tant qu’organisatrices. Et le jour J, elles ne vont pas forcément venir témoigner, mais faire leur boulot d’organisatrices : accueillir le public, installer des chaises, porter des palettes, tenir une buvette… comme n’importe quel autre bénévole. Il n’y a plus d’étiquette ! » La programmation proposée par la coordination nationale a été abondamment utilisée par les différents groupes. Parmi les préférences, on peut citer Attention travail d’arabe de l’association Remem’beur, l’exposition nationale proposée en 2017 : « L’année dernière les groupes s’en étaient peu saisis, mais du coup cette année les équipes organisatrices en avaient entendu parler et elle a été programmée dans plusieurs villes » explique Céline Rabourdin. « Cette expo est particulièrement intéressante pour travailler avec des jeunes, discuter sur la question des préjugés, faire de la sensibilisation en milieu scolaire – avec des groupes venant accompagnés de leur prof par exemple. » Autre succès de la programmation nationale, le film « J’irai marcher jusqu’à vous » de Rachid Oujdi : « Le film traite de la situation des mineurs et comme c’est un gros sujet de préoccupation dans la région, il a beaucoup parlé aux groupes. » Mais les équipes Migrant’scène AURA ont également su se saisir des opportunités régionales pour proposer des évènements originaux, investir de nouveaux lieux ou toucher différents publics. « Il y a notamment eu des évènements jeunesse proposés dans quasiment toutes les villes » relève Céline Rabourdin. « Il s’agit pour nous d’un public un peu nouveau, que les groupes ont su toucher via les maisons de quartier, les centres culturels… A Valence et à Lyon, le partenariat avec Traces nous a permis de programmer l’exposition « Nous et les autres, des préjugés au racisme » créé au Musée de l’Homme à Paris l’année dernière. L’équipe de Lyon a été formée par le commissaire d’exposition pour faire de la médiation avec les scolaires. » De nouveaux lieux ont également été investis : « Par exemple à Lyon, nous avons fait un concert à la Halle de la Martinière. C’est un lieu un peu bobo, qui a son propre public : il y avait du monde, des habitués de la Halle, et aussi des personnes migrantes du squat d’à côté qui sont venus ! Notre intérêt c’est aussi d’être dans des lieux comme ça. A Chambéry, l’équipe profite de la « vélorution », un évènement organisé pour promouvoir l’utilisation du vélo, pour proposer de pédaler avec des personnes migrantes le temps d’une balade « Migr’en selle ». Une façon de toucher le public écologiste, qui a des chances d’être sensible à notre cause mais qui ne nous connait pas forcément et qu’on ne voit pas sur d’autres évènements. » Et dans le même temps, le festival en AURA investit surtout des lieux populaires, plus isolés ou plus ruraux. « Notre défi, c’est de jouer sur tous les tableaux » résume Céline Rabourdin. « Et les équipes ont bien compris cela ! » En savoir plus : Retrouvez toute la programmation de Migrant’scène sur https://www.migrantscene.org/ |