Portrait de cimadienne - Sabine Lindenmann, bénévole au groupe local de Saint-Brieuc29 novembre 2018 | Portrait réalisé par Marion Castelnau Rouillard ![]() La solidarité permet l’action ! "J'étais vraiment préoccupée par cette idée que "L'homme blanc porte le fardeau de la colonisation" Mon père est né en Tunisie et en a été mis dehors : on a toujours vu les gouvernements occidentaux prendre les décisions pour les autres… je me sentais un devoir de "réparation" : à nous de nous engager pour enrayer ces déficits de développement dont nous sommes responsables". Mes missions humanitaires m'ont fait prendre conscience que j'étais, en fait, encore en train de réfléchir pour eux… et de me positionner comme néo-colonisatrice, alors que les personnes qui sont sur place sont bien plus compétentes pour analyser leurs problèmes et les résoudre grâce à leur compréhension de leur territoire ! Je ne répondais pas à leurs besoins… ni aux miens ! En fait, sur mon propre territoire, en France, l'humanité manque cruellement, c'est bien là que je voulais m’engager ! Au lieu d'essayer vainement de réparer ailleurs, il vaut mieux s'impliquer à changer les mentalités ici !" Le mot pour résumer sa préoccupation d'aujourd'hui : la réciprocité (qui oblige à sortir du rôle de "sachant" qui explique à l'autre comment il doit faire). Ou l'accompagnement (qui oblige à se positionner "avec", à côté de l'autre, derrière…). L'expertise juridique risquerait de se positionner comme à un "guichet". Pour être bénévole à La Cimade, il y a une nécessité vitale de comprendre sa mission : on accompagne les gens pour leur permettre de comprendre l'embrouillaminis administratif dans lequel ils se trouvent, mais c'est juste un apport technique : le plus important est dans la relation de partenaire, de solidarité, que propose La Cimade. Sabine a 42 ans "et demi". Formatrice de travailleurs sociaux (et "famille d'accueil" pour animaux maltraités), elle vit aujourd'hui à St Brieuc. D'abord éducatrice spécialisée (depuis 1994), elle se préoccupe du sort des pays en développement et fait un Master de droit international humanitaire, à Aix-en-Provence, avec la perspective de "partir" pour Action contre la faim (ACF). À 24 heures de son départ pour monter un projet au Tchad, suite à une attaque dramatique, la sécurité d’ACF arrête la mission. Ça l'oblige à repenser à l'objectif de ce départ et… à quitter ACF pour réfléchir à d’autres perspectives pour sa vie. Sabine décide de s'impliquer plutôt en France, auprès de ces personnes provenant d'Afrique. Elle découvre La Cimade comme partenaire de MdM et, par son site internet, s'intéresse à ses actions : l'accompagnement de personnes étrangères en France. Alors qu'elle vit à Rennes, Sabine découvre la "sensibilisation" avec le groupe local de La Cimade de sa ville. "Mais je n'avais pas vraiment compris le sens du mouvement." Sabine part, il y a 13 mois, s'installer à Saint-Brieuc, où elle prend contact avec le groupe local de La Cimade. "J'ai moi-même été accueillie. Et invitée à une réunion régionale, alors que j'arrivais… sans comprendre qu'il n'y a, ici, pas vraiment d'usage de cette légitimité classique par le temps ou l'expérience… Chacun·e a son importance, chacun·e a sa place ! Après une réunion régionale, j'ai pu participer à une formation à la sensibilisation, je me suis aperçue qu'entre bénévoles et salarié·e·s, on a une place aussi respectable et de choix ! La journée de sensibilisation organisée à la veille de la Session de Sète devait me permettre de découvrir ce qui se fait ailleurs, avec l'objet de construire une équipe interrégionale qui solidifie nos liens pour s'empêcher de rester dans son coin, prise par l'action sans prendre de hauteur... J'ai trouvé des combattantes (on n'était que des femmes !), avec les mêmes valeurs, sans hiérarchie liée à l'expérience, mais une équipe horizontale… personne ne reste seulement la "petite main", on a du pouvoir à prendre, et l'invitation à participer à la prise de décision est un moteur ! À plusieurs, on va plus loin !" Marion Castelnau Rouillard
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