On entend régulièrement parler de la
création d’un groupe local mais aussi de la dissolution d’un
autre devenu inactif. Pour mieux comprendre cette dynamique,
plongeons-nous en plein cœur du mouvement, direction Metz !
Un nouveau groupe à Metz
La création de ce groupe local est particulière et le rôle de la
région y est centrale. Françoise, DNR de la région Alsace
Lorraine, raconte :
« Cette création est véritablement née d’un appel au secours de
citoyen·ne·s, d’associations, de collectifs et de personnes
migrantes de Metz. On en arrivait même à nous solliciter pour
des questions déontologiques, notamment concernant la présence
active dans le camp de migrant·e·s de Blida à Metz.
J’ai donc décidé de faire un état des lieux du territoire. J’ai
alors rencontré avec le Président régional Cimade, les
associations et le Conseil départemental de l’accès aux droits
(CDAD) dans un premier temps.
Cela nous a permis de comprendre qu’il y avait un
vrai manque concernant l’accueil et l’accompagnement juridique
des personnes migrantes (hors asile)
L’association qui s’en occupait ayant cessé ses activités depuis
presque deux ans.
Dans un second temps, nous avons rencontré les élu·e·s de la
ville et deux paroisses protestantes pour nous faire connaitre
et pour trouver des locaux, rechercher des financements et
appeler des bénévoles prêt·e·s à s’engager sur le long terme.
Pour commencer à implanter notre action, j’ai animé une
formation pour le Conseil départemental de l’accès aux droits.
L’ensemble de cette action nous a permis de trouver deux locaux
(un pour des permanences fixes, un autre qui sert de bureau et
de lieu de réunion pour les bénévoles) et une subvention de
fonctionnement qui nous permet de faire les investissements de
base.
Une première réunion a eu lieu le 4 décembre 2018 avec les
bénévoles potentiels. En amont, un ancien bénévole de La Cimade
Strasbourg avait pu rencontrer chaque personne qui s’était
déclaré intéressée. Une formation de base sur 2 journées a eu
lieu en début d’année. Cette formation permet de présenter La
Cimade, ses valeurs, le bénévolat, et donne les éléments
juridiques essentiels pour commencer à tenir des permanences ».
Le processus de création de ce groupe local a pris une année
« La Cimade et le tissu associatif sont bien implantés en
Alsace, ce qui n’est pas le cas partout. Parfois, il faut créer
le réseau, le processus est complètement différent. Il faut
s’adapter à l’environnement mais aussi aux profils des futur·e·s
bénévoles sans pour autant faire de concession sur nos pratiques
cimadiennes. Il faut prendre le temps de la discussion et poser
un certain nombre de jalons », ajoute Françoise.
Maintenant l’enjeu est l’autonomisation de cette
équipe et la création d’un groupe local à part entière
Pour la déléguée régionale, l’important est aussi de
mettre
en place une dynamique qui est à la fois régionale et
nationale.
Témoignage de Francis, Bénévole
Francis, qui a passé sa carrière dans le social, aujourd’hui à
la retraite, consacre une grande partie de son temps au
bénévolat. En 2013, il décide de rejoindre le groupe local
Cimade de Strasbourg. « J’y tenais des permanences. C’est un
bonheur de travailler sur Strasbourg : il y a une belle
dynamique et beaucoup de bénévoles ».
Il quitte ensuite Strasbourg pour s’installer à Nancy où il
rejoint le groupe local.
« Françoise m’a parlé de l’idée de créer une équipe sur Metz,
j’ai proposé mon aide.
Beaucoup de personnes migrantes ont été identifiées par nos
partenaires implantés sur le territoire. Le groupe local de
Nancy, qui accompagne aussi des personnes venant de Moselle, va
pouvoir les rediriger sur Metz.
On a eu beaucoup de propositions de soutien, un local d’accueil
mis à disposition par la Maison de Justice et du Droit, un foyer
en centre-ville, c’est un bon début.
A Strasbourg, les salariées et les stagiaires se chargent de
structurer les actions, ça permet aux bénévoles de s’investir
pleinement sur les permanences. Ici, il y a tout à développer :
l’animation, la permanence, les liens avec le tissu associatif,
et la recherche de fonds.
On a créé des liens forts avec l’équipe de Nancy qui a une
expérience importante à partager et la région. Françoise
s’occupe de trouver des subventions. Géographiquement, la région
[basée à Strasbourg] est loin, c’est aussi pour ça que l’on doit
se rapprocher de Nancy ».
Grâce à ses expériences professionnelles et bénévoles, Francis
connaît quelques personnes susceptibles de devenir bénévoles. En
tout 8 personnes sont intéressées pour poursuivre le processus :
certaines sont à la retraite, d’autres travaillent encore. «
Deux formations ont été organisées. Elles ont permis aux
personnes de réaliser ce dans quoi elles s’engageaient.
Pour le moment, on fait en fonction des moyens. La priorité est
de mettre en place une permanence par semaine et pourquoi pas
développer une partie sensibilisation.
Plus tard, j’aimerais que l’on pense à d’autres formes
d’intervention et d’accompagnement, en nous appuyant sur des
expériences qui fonctionnent déjà : à Marseille ou Lyon par
exemple où ont été développées des activités, autres que
l’accueil classique.
J’aimerais aussi mettre en place un travail plus collectif.
Ne pas recréer un système administratif, au
contraire, s’appuyer sur la richesse des personnes en
situation de demandes de titres de séjour, sur leur pouvoir
d’agir. Même si ce n’est pas simple, l’idée de construire
collectivement est ce vers quoi il faut tendre. Je crois
beaucoup au mode de fonctionnement participatif.
Je vais devoir faire des choix personnels pour tenir le cap.
L’investissement est très important et il va en falloir pour que
ça marche. »
Et plus largement, créer un groupe ?
La constitution d’un groupe local est souvent initiée localement
: que ce soit par des bénévoles ayant identifié les besoins, un
groupe local qui trouve plus pertinent de se scinder, etc.
Pour Martine, de la Direction de la Vie Associative : « La
Cimade a fait le choix d’une structuration régionalisée ».
Les étapes de création d’un groupe local répondent donc à cette
logique :
Des
adhérent·e·s de La Cimade décident de se constituer en
groupe local, ils se réunissent en assemblée locale et
désignent un bureau local pour une durée de 2 ans. A cette
étape, il est utile de rédiger un cahier des charges. Le
conseil régional doit donner un avis favorable à la création
du groupe.
- La demande de constitution d’un groupe local est adressée
au Conseil national de La Cimade, via la Direction de la Vie
Associative.
- La décision du conseil national de La Cimade est adressée
au responsable du groupe local et à la ou le président·e de
région.
Le groupe local devient ainsi le représentant local de
l’association.
A la question : combien de temps faut-il prévoir pour constituer
un groupe local ?, Martine répond « Tout dépend de la dynamique
locale, de la pertinence évaluée par le conseil régional et la
délégation régionale. Il faut un temps pour réaliser les états
des lieux, déterminer les besoins, évaluer l’initiative,
s’assurer qu’elle correspond à la démarche Cimade, et souvent,
rechercher des bénévoles. Si la force bénévole est suffisante,
si la démarche est bonne, le groupe peut alors se lancer.
La diversité des engagements est coordonnée au niveau régional.
Des réunions et formations sont régulièrement proposées. La
Direction de la Vie associative met à disposition des ressources
à destination des bureaux et délégations régionales.
Aujourd’hui, on compte 90 groupes locaux, qui accueillent
et accompagnent les personnes étrangères dans la défense de
leurs droits, informent et sensibilisent, développent des
activités linguistiques et culturelles, mobilisent et
témoignent des réalités migratoires.
Pour plus d’informations, rendez-vous sur
Cimadoc's
Merci à Francis, Françoise et Martine !
Crédits photos : Photo MS / Photos
Cimade