La Cimade obtient l’agrément du Ministère de l’Education nationale !

Gage de qualité en matière d’actions éducatives, il permettra :

• de pérenniser les partenariats en cours ou à venir au sein des établissements scolaires, pour une durée de 5 ans ;
• pour les équipes Cimade, d’être plus légitimes dans la prise de contact avec les établissements.

Les actions de sensibilisation s’inscrivent dans une démarche d’éducation populaire. A ce jour, elles sont portées par plus de 200 bénévoles, pour beaucoup des enseignant·e·s à la retraite ou en activité.

Intervenant essentiellement dans le secondaire, les bénévoles cherchent à susciter le débat, à favoriser la prise de parole dans un climat d’écoute et de respect mutuel tout en incitant les élèves à rechercher des informations concrètes pour développer leur analyse critique et leurs argumentaires.

Comme Bertrand, bénévole depuis 4 ans, qui intervient à la permanence d’Aulnay-sous-Bois. Il est aussi engagé sur le recrutement de bénévoles pour la région IDF et sur la sensibilisation.

Voici son témoignage

« La sensibilisation permet un autre regard. L’immigration est souvent très mal présentée dans les médias, pour beaucoup, et dans les conversations générales. Les préjugés marquent les esprits, l’idée générale est qu’il y a beaucoup trop de personnes étrangères. On parle de crise, ce qui sous-entend du ponctuel alors que l’immigration a toujours été.

La seule façon de faire évoluer les choses est de changer le regard de la société sur les personnes migrantes auprès de toutes les catégories de la population et particulièrement en milieu scolaire.

J’interviens le plus souvent dans les classes de 4e et de 3e, parfois auprès des Terminales et plus rarement des CM2 ».

Dans sa vie professionnelle, Bertrand n’a pas eu à intervenir auprès d’un public jeune, « il y a toujours cette appréhension de se tromper d’attitude ».

Pour construire les interventions, La Cimade a mis au point des outils, un parcours de formation et une mallette pédagogique pour les 14-18 ans à destination des intervenant·e·s :

• Jeu du photo-langage : à partir d’une photo, il permet de s’interroger sur les raisons pour lesquelles les migrant·e·s quittent leur pays ;
• Jeu Parcours de migrant·e·s : explique et simule les difficultés que peut rencontrer une personne étrangère voulant s’installer en France ;
• Projection de films suivie d’un débat, comme : Welcome ; Le Havre

« La préparation avec les enseignant·e·s est rarement suffisante. La durée prévue est souvent réduite, on est alors amené à raccourcir les jeux et donc à improviser. C’est parfois déroutant », explique Bertrand.

A la fin de la séance, un temps est consacré à l’évaluation : ce sont les jeunes qui s’expriment et font leur restitution. « Les conditions de ma dernière intervention étaient exceptionnelles, aussi bien en temps qu’en nombre de participant·e·s. Je retiens de l’évaluation cette phrase qui m’a marqué : On a appris plein de choses.

Ce qui m’intéresse c’est écouter les jeunes parler de l’immigration, sentir leur manière d’appréhender ce thème. Beaucoup y sont confrontés directement ou par leurs parents ».

L’un des avantages de l’agrément :
« J’ai entendu que certaines propositions d’intervention avaient capoté parce que La Cimade n’avait pas d’agrément. Souvent ce sont les proviseur∙e∙s qui ont refusé. L’agrément devrait donc faciliter l’ouverture des portes des établissements ».

Ne pas se limiter aux scolaires, même s’il est essentiel, et toucher d’autres publics

« Personnellement, je n’ai pas encore été confronté à un public négatif, réservé ou hostile, mais d’autres bénévoles l’ont été auprès d’un public adulte. Cela s’explique sans doute par le fait que ce sont souvent les enseignant·e·s qui prennent l’initiative de contacter La Cimade, un premier aperçu de la question ayant été fait auprès des élèves.

En plus de répondre à la demande, il faudrait aller à la rencontre d’un public plus réservé, peut-être même hostile au thème de l’immigration.

Avec d'autres bénévoles, on a cherché à développer les interventions auprès d’un public adulte, en réfléchissant sur les lieux à approcher, comme les médiathèques, maisons de retraite, syndicats, grandes écoles, partis politiques, ou auprès des éducateurs sociaux.

J’ai participé à une intervention en prison à Nanterre, elle s’adressait aux prévenus. Nous étions 3 et leur avons présenté Welcome, le débat qui a suivi était très intéressant.

Pour le public adulte, il faudrait penser à d’autres formes d’intervention, comme les débats inter associatifs ou interdisciplinaires, les conférences, etc. J’ai le sentiment, avec ma courte expérience, que pour bien mener une action de sensibilisation, il faut avoir une maîtrise parfaite du sujet. Ne pas se trouver démonter par un argument auquel on ne s’attendait pas du tout. Les ressources internes existent, mais ça demande aussi une démarche plus personnelle.

Je m’intéresse aux conférences de François Héran, démographe-sociologue, titulaire de la chaire « Migration et Société » au Collège de France et directeur de l’Institut Convergences Migrations.

Pour celles et ceux intéréssé·e·s, la leçon inaugurale est à écouter ici.
Quant à l’agrément et à la description du projet pédagogique qui a été transmise au ministère de l’Education nationale, ils sont bien évidemment sur… Cimadocs !