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Portraits croises | ||
Camille et Chloé de la permanence mobile
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![]() Chloé Fourdan, étudiante en droit et bénévole à la permanence mobile de Grande-SyntheChloé, 24 ans, est bénévole depuis l'automne à la permanence mobile de Grande-Synthe. Elle termine en juin un Master 2 de Droits de l'homme à l'Institut catholique de Lille. Un partenariat a été instauré l’an dernier entre la faculté de droit privé et La Cimade. Sur 16 étudiant·e·s de la promotion de Chloé, 7 se sont engagé·e·s comme bénévoles pour l'accès aux droits des migrant·e·s de Grande-Synthe.Le camping-car, lors des permanences, est garé sur le parking du Puythouck, une zone naturelle protégée immense et boisée qui s’étend autour d’un lac artificiel, où les habitant·e·s de la ville ont arrêté d'aller se promener du fait des campements sauvages. « Après un stage dans un cabinet d'avocats en ville, j'avais besoin d'une expérience de terrain, de m'engager auprès de migrants. Et j'aime ça ! Avec mon master, je vais partir faire un stage en Afrique du Sud, pour faire pareil : des entretiens juridiques, aider à faire des recours. Je tenterai peut-être de devenir avocate spécialisée en droits des étrangers… Sinon, je voudrais être juriste au sein d’une association ». ![]() « On reçoit 5 à 6 personnes par permanence. Toujours des hommes, très polis et agréables. Ils nous font part de beaucoup de violences : les policiers viennent tous les deux jours et détruisent tout. La majorité des exilés du camp sont des Kurdes irakiens ou iraniens qui veulent rejoindre l'Angleterre car ils y ont de la famille ou une communauté là-bas. Ils racontent leur parcours. Quelques Pakistanais se tiennent, le plus souvent, à l'écart. Les passeurs sont Kurdes irakiens, ils gèrent tout… » « Sur les 6 personnes qu'on reçoit, en moyenne 2 ont besoin de conseils pour demander l'asile en France, les 4 autres ont déjà donné leurs empreintes ailleurs (en Italie, en Grèce, etc.). C'est un peu frustrant parce que nous avons peu de solutions à proposer. C'est le système Dublin, quoi… Si nous voyons parfois des femmes, dans le camp, nous n'en recevons jamais, à la permanence. Je n'ai vu qu'une seule femme, mère de famille avec 3 enfants. Elle voulait absolument passer en Angleterre ». Pendant l'hiver, la mairie de Grande-Synthe a ouvert un gymnase. Un grand nombre de personnes migrantes sont venues s'installer autour, dans une cinquantaine de tentes, mais des jeunes hommes isolés (20-30 ans) restent cachés dans les bois. « Avant l'ouverture du gymnase, on voyait un à deux mineurs isolés par permanence. A présent, ils sont mis à l'abri, au gymnase. » La situation est globalement dramatique. Ce sont les associations, comme Salam, Emmaüs, des association anglaises, qui distribuent l'eau et assurent les repas. « Les personnes elles-mêmes nous le disent, remercient les bénévoles qui leur permettent de survivre. L'ensemble du tissu associatif pallie les défaillances de l'État, mais si ça s'essouffle, que se passera-t-il ? » Camille Boittiaux, coordinatrice de la permanence mobile de La CimadeCamille, après un Master 2 en Droits de l'homme à la « Catho » de Lille, il y a 3 ans, fait un stage dans un cabinet d'avocats de Roubaix, spécialisé en droit des étrangers, où une collaboratrice lui raconte son expérience à La Cimade.![]() Elle a commencé en janvier sa mission en apportant un appui juridique (formation, création d'outils juridiques spécifiques). Il y a deux permanences d'accès aux droits, à Grande-Synthe : Celle du mardi après-midi, une permanence juridique Cimade plus « classique », avec une équipe d’une dizaine de bénévoles, qui proposent aussi des préparations aux entretiens de l'OFPRA ou de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), dans un petit local prêté par la mairie. La permanence mobile du vendredi après-midi a pu se monter en janvier 2018, avec le soutien financier de la Fondation Abbé Pierre qui a permis à La Cimade d'acheter le camping-car : les bénévoles sont principalement des étudiant·e·s en droit. Une journée type sur la permanence mobile« On se retrouve à La Cimade à 12h et j’emmène les étudiant·e·s de Lille à Grande-Synthe, ainsi que le traducteur en kurde sorani. On récupère le camping-car chez Emmaüs et on part se garer sur le parking du Puythouck. La permanence commence à 14h. Médecins du Monde ouvre sa permanence médicale au même moment. Des associations viennent là, tous les jours, pour faire la distribution de sacs de couchages, de tentes, de nourriture, permettre de charger son téléphone, donner des cartes SIM et des recharges Lyca…Dans notre camping-car, il y a un petit espace pour les entretiens juridiques avec 1 table et 4 chaises, séparé de la partie cuisine par une porte coulissante. Nous pouvons offrir du thé et du café tout en assurant un entretien juridique dans un espace confidentiel. Les personnes que nous recevons viennent principalement chercher de l'information. On ne les voit en général qu'une fois ». Camille est à Grande-Synthe parfois jusqu'à 3 fois par semaine. Pour déconnecter, elle a « un bon groupe d'ami·e·s. Même si je suis [souvent] à Grande-Synthe, mon bureau est à Lille. Je vois les autres de La Cimade, avec qui j'échange : ça me permet de me sentir moins seule ! » Concrètement, ce que peut faire l'équipe de la permanence mobile pour :
- le "groupe-référent" réunit La Croix-Rouge, La Cimade, Médecins du Monde, RYS, Drop solidarité, Plateforme service aux migrants, Planning Familial, Salam, Auberge des migrants. Nous essayons de documenter ce qui se passe sur le terrain, de faire un travail constant sur les interpellations possibles des autorités, le plaidoyer, dénoncer. Nous travaillons principalement sur 4 problématiques : l'hébergement (refus 115), les violences policières, les mineurs non accompagnés (MNA), et les expulsions. - réunions inter-associatives, ce qui me permet d’avoir les infos sur ce qu’il se passe sur le terrain, les actions que l’on pourrait engager collectivement, etc. Ceux qui viennent ici, veulent passer en Angleterre : depuis janvier il y aurait eu une trentaine de passages, même si c’est difficile de savoir exactement, ce sont des rumeurs. Certains s'arrêtent et se disent qu'ils pourraient rester ici, on essaie alors de les aider au mieux dans leurs démarches… Avec le Brexit : on ne sait pas ce qui changera ! » Merci à Marion, Chloé et Camille pour cet article ! Crédits photos : Photo Cimade / Camille Boittiaux / Chloé Fourdan |
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