|
||
![]() |
||
dans nos regions | ||
La Cimade entre les murs
|
||
![]() Depuis janvier 2019, une équipe de bénévoles du
groupe local de Peyrelevade intervient au sein des murs du
centre de détention d’Uzerche en Corrèze. Sabine fait partie
de cette équipe. Voici son témoignage : Nous étions déjà deux à être motivées pour constituer une équipe, rapidement deux autres bénévoles arrivées plus récemment nous ont rejoints : c’était suffisant pour lancer l’activité. Nous avons démarré les interventions dans la prison en janvier 2019, à raison d’une fois par mois pour le moment. Nous sommes en lien avec l’assistante sociale, qui s’occupait seule des dossiers avant notre venue. C’est elle qui nous propose les situations et explique la situation. Nous espérons que l’information de l’intervention de notre groupe va se diffuser parmi les personnes détenues et que potentiellement plus tard, les demandes émaneront des personnes elles-mêmes. Nous pouvons voir 4 à 5 nouvelles personnes par mois sur une plage horaire de 4h30 maximum, en plus des personnes que nous suivons déjà. Il y a énormément de demandes et on ne parvient pas à voir tout le monde. Il y a également des situations assez spécifiques pour lesquelles il est difficile de répondre, mais heureusement une formation est prévue bientôt pour les intervenant·e·s de la région. Les relations avec les agent·e·s pénitentiaires sont assez bonnes. L’assistante sociale par exemple met tout en œuvre pour que l’on ait de bonnes conditions d’entretien. Vous n’imaginez pas le nombre de portes en prison, et le temps que cela pourrait prendre si vous n’étiez pas les bienvenu·e·s. Ca n’est heureusement pas le cas pour nous. En revanche, pour le moment nous n’avons pas eu beaucoup de liens avec le SPIP. A la fin de la peine, les personnes étrangères se retrouvent soit en centre de rétention administrative (CRA), soit expulsées. Nous souhaiterions créer davantage de liens entre le centre de détention et le CRA pour savoir ce que ces personnes sont devenues. Les pratiques de la préfecture posent vraiment question : les personnes étrangères détenues reçoivent 15 à 20 jours avant leur sortie un courrier assorti d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), et le recours de 48h pour la contester ne fonctionne pas. Concrètement et c’est systématique, les forces de l’ordre viennent les chercher le jour de leur sortie pour les emmener en CRA. A ce titre, nous faisons face à une situation très difficile aujourd’hui sur un cas spécifique d’acharnement de la préfecture, à propos d’une personne somalienne condamnée à la double peine, puis à une mort certaine. Ce n’est pas facile psychologiquement. Nous allons constituer un groupe de parole pour pouvoir évacuer. Nous rencontrons des personnes qui sont complètement démunies, à qui nous n’avons pas de bonnes nouvelles à annoncer. Elles se retrouvent seules dans leur cellule, en détresse complète, la plupart n’ont pas de famille, pas d’argent, pas de soutien. » Au niveau national et au 1er janvier 2018, plus de 20% des personnes détenues étaient étrangères. Au fil des réformes, la prison tend à devenir l’antichambre de l’expulsion, et les allers-retours entre prison et rétention sont de plus en plus fréquents depuis l’adoption des lois de 2016 et 2019. L'activité prison au sein de La Cimade![]() La confidentialité des entretiens et l’inconditionnalité de l’accompagnement au regard du passé pénal sont les deux points cardinaux de l’intervention en détention.Vraie microcosme, milieu normé où tout est réglé et où tout se sait, bon nombre d’interventions et de plaidoyers se font directement au niveau local, c’est-à-dire qu’ils ne franchissent pas les murs de la prison. Pourtant, ils ont de réels impacts sur les personnes que La Cimade rencontre. C’est ce qu’expliquent par exemple Henri et Myriam, bénévoles depuis de nombreuses années à la prison de Béziers : « Au départ les mesures d’OQTF (obligation de quitter le territoire français) ne se faisaient pas dans les règles, mais nous avons pu échanger et leur amener des solutions. C’était clairement de l’ignorance ». La Cimade est implantée depuis longtemps à Béziers. « Nous impulsons les demandes et les retours nous sont transmis rapidement. Les renouvellements de titre se passent plutôt bien. Le délai est de 4 mois normalement, mais nous avons obtenu des accords bien au-delà. Beaucoup de demandes sont acceptées dans la mesure où la personne fait sa demande dans les temps. Notre intérêt est que les personnes détenues obtiennent un titre. On essaie d’arrondir les angles dans nos relations mais quand il y a un problème, il ne faut pas hésiter à monter au créneau. Le fait que l’on soit deux est très enrichissant car on se complète. Ça se passe également bien avec les personnes détenues avec lesquelles on arrive à instaurer un lien fort ». Les bénévoles participent également à la déconstruction des préjugés sur les personnes migrantes, comme c'est le cas d'Ingrid Boury, bénévole à La Cimade Alsace Lorraine. Elle a pu intervenir à la maison d’arrêt de Strasbourg dans le cadre du cycle de conférences sur le thème "Solidarité et Vivre ensemble" : « Le but de ce cycle [...] était d’analyser les différentes formes de production de solidarités, de questionner sa fonction symbolique et la raison de sa montée en puissance dans le discours contemporain. Durant ces interventions, j’ai pu présenter La Cimade, son histoire, ses actions et revenir sur les idées reçues et les stéréotypes sur les vagues migratoires actuelles. Nous avons écouté les pensées des personnes détenues, leurs idées sur le sujet et nous nous sommes attelés à déconstruire les préjugés sur les migrants d’aujourd’hui, les aides qu’ils reçoivent et leurs parcours à l’aide d’exemples concrets du terrain. Nous avons également discuté autour de l’image française de « terre d’accueil » ou encore de l’Europe comme « El Dorado ». Lire la suite de son témoignage sur le
site de La Cimade.
Pour en savoir plus sur l’action de La Cimade en prison :Présentation : Les clefs de l'intervention en prisonBulletin spécial Prison - données et observations Rapport Contestation des obligations de quitter le territoire français notifiées en prison - Pas l'ombre d'un droit Crédits photos : Photos Cimade |
|
Mentions légales | ![]() |