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dans le jus | ||
Réunification familiale : récit d'une victoire
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A partir du début de la crise
sanitaire et pendant des mois, les procédures de
réunifications familiales pour les familles de
réfugié·e·s ont été bloquées. A l’issue d’une longue
procédure contentieuse portée par La Cimade et dix
autres associations et requérants, une ordonnance du
Conseil d’Etat a mis fin à cette restriction. Récit
d’une victoire, issue d’une synergie d’efforts locaux,
régionaux et nationaux. En juillet, un assouplissement intervient et permet la reprise très partielle des entrées sur le territoire, mais pour 13 pays seulement, peu concernés par les questions d’asile. Pour les autres pays, le ministère maintient le principe d’interdiction d’entrée sauf dérogations. Et met en ligne en septembre une attestation de déplacement international qui les énumère : les familles de bénéficiaires de la protection internationale n’y figure pas. A La Cimade, c’est à la rentrée que, la reprise des activités en permanences aidant, le problème des réunifications familiales bloquées émerge massivement au sein des groupes locaux. « Les alertes me sont parvenues par plusieurs canaux » raconte Gérard Sadik, responsable national de la thématique asile. « D’abord, des sollicitations via la liste de diffusion « asile » de la part de groupes locaux qui habituellement ne demandaient jamais rien. Les sollicitations se sont faites de plus en plus nombreuses et pressantes, avec des cas de personnes bloquées depuis des mois, alors même que leur demande avait été acceptée. De mon côté aussi, j’ai été confronté à des cas particulièrement difficiles. Et en parallèle, nous avons eu des remontées d’infos par les réseaux sociaux. Toutes ces alertes concordantes nous ont révélé qu’il y avait un gros problème. » Un constat partagé au niveau régional par Catherine Cagan, chargée de projets en région Sud-Ouest : « Dans mes échanges avec les bénévoles, que ce soit dans les questions par email, les appels téléphoniques, les réunions de débrief, je me suis mise à recevoir beaucoup de questions autour de la réunification familiale. Peu à peu je me suis rendue compte qu’il y avait plusieurs niveaux de blocage à toutes les étapes de la procédure, que nous avons identifié et listé en équipe au fur et à mesure : à l’enregistrement de la demande, lors de son examen, et à la délivrance du visa – avec une absence totale de délivrance du visa depuis des mois, voire un an ou deux dans certains consulats. » De toute évidence, au vu de ces délais, certains problèmes préexistaient au covid, la crise sanitaire ayant rajouté un blocage supplémentaire avec la problématique de l’attestation permettant de venir en France. « Ces questions préexistantes ont explosé en 2020, parce que nous avions plus de temps pour nous y pencher mais aussi parce que les difficultés se sont accentuées du fait de la crise sanitaire. »
Cette stratégie contentieuse est validée par le conseil national. Pour alimenter le contentieux, Gérard Sadik demande aux membres de la liste asile de lui transmettre quelques dossiers : il en reçoit des dizaines. En région, en effet, les cas s’amoncèlent et les groupes s’organisent pour faire remonter l’information : « Avec Maria Lefort, du groupe local de Bordeaux, nous avons commencé à travailler sur une façon de récolter l’info auprès des groupes » raconte Catherine Cagan. « Nous avons construit un tableau que nous avons envoyé aux groupes pour recenser et documenter les différentes situations ».
En revanche, le 21 janvier, la victoire vient du Conseil d’Etat : celui-ci suspend par ordonnance la décision de geler la délivrance des visas pour les familles de réfugiés et des résidents. Il considère que l’administration n’a pas démontré que le flux – limité – d’arrivées des familles pouvait contribuer de manière significative à une augmentation du risque de propagation du Covid-19, alors que des mesures de dépistages et d’isolement pouvaient au demeurant être imposées aux personnes autorisées à entrer sur le territoire. « C’était une belle victoire, d’autant que ce type de décision est rare ! » souligne Gérard Sadik. « En général, on va au Conseil d’Etat en référé sur un texte réglementaire, pour obtenir une audience au fond très rapide, ou une réinterprétation du texte. Ce n’est qu’exceptionnellement qu’on obtient une suspension, comme celle-ci. » Après quelques rebondissements, le 4 février, le ministère met en ligne une nouvelle attestation qui indique que les familles de réfugiées ou résidents ont un motif impérieux pour venir en France et n’ont pas besoin d’en justifier d’autres. Même s’ils restent soumis à des conditions sanitaires drastiques (déclaration d’asymptomatie, test négatif, isolement pendant sept jours), cela laisse espérer le déblocage de nombreux visas.
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