#32 - mars 2021
La Cimadine
dans nos regions

Sensibiliser en ligne, un nouveau défi !



Si la crise sanitaire pèse durement sur toutes les activités de La Cimade, elle est particulièrement complexe à gérer pour les équipes travaillant sur la sensibilisation. Après l’annulation du festival Migrant’scène « physique », et à l’heure où tous les lieux culturels restent désespérément fermés, où et comment œuvrer pour ce changement de regard sur les personnes étrangères, plus important que jamais ? Sur le terrain, les équipes ont dû faire preuve d’imagination et certaines d’entre elles ont testé la sensibilisation en ligne. Elles témoignent.


A Nantes, un parcours de migrants en visioconférence


« A Nantes, nous avons animé le jeu Parcours de migrant·e·s en visio mi-novembre » témoigne Dominique Bernard, du groupe local de Nantes. « Nous avons pu être formé·e·s en amont par la coordination de la sensibilisation, avec les salariées régionales et d’autres bénévoles de la région.

Le jour J, il y avait les deux salariées régionales et moi-même, ainsi qu’une quinzaine de participant·e·s.
Nous avons utilisé la fonctionnalité de Zoom pour faire des sous-groupes de 6 personnes.
Cette expérience a été très positive, les participant·e·s étaient des adultes, agent·e·s de la ville de Nantes qui rencontrent des personnes migrantes dans leur travail et qui avaient déjà suivi des formations sur le sujet.

Nous avons ensuite partagé l'outil au sein du groupe local de Nantes en visio en soirée. Il y avait 6 participant·e·s et 2 animatrices. C’est un moment convivial qui a réuni des bénévoles sensibilisation et des bénévoles accès aux droits, qui y avaient déjà joué, d'autres non.

Limite : nous avons joué 1h30 et nous n’avons pas réussi à aller bout du jeu, petite frustration !
Nous allons avoir une deuxième séance ; nous avons décidé de fixer la capacité maximum à 8 personnes.
Pour pouvoir finir le jeu, il faudrait trouver un compromis et « accélérer » le jeu avant !
»

Pour en savoir plus : découvrez le kit Jeu Parcours de migrant·e·s en ligne sur Cimadoc’s.

Parcours de migrants en ligne

A Grenoble, trois expériences variées aux résultats contrastés


« Nous avons fait trois interventions de type différent en visioconférence » raconte Daniel Delpeuch, du groupe local de Grenoble.

« Une première intervention auprès d’une classe de BTS composée de 20 étudiant·e·s. Chaque élève était derrière son ordinateur. Nous avons utilisé une présentation PowerPoint, avec notamment des questions sur le vocabulaire, c’est une introduction qui marche très bien avec les jeunes. Nous avons ensuite utilisé des petits films de 3 minutes, extraits d’une conférence de François Crépeau à Genève. Nous étions deux intervenants : je gérais la technique, et Stéphane la parole.
Comme chaque élève était présent et visible par sa caméra, l’intervention a fonctionné presque comme si nous étions avec eux. Bien sûr on perd un peu la chaleur du présentiel, mais on a quand même pu conserver une vraie interactivité : ils pouvaient poser des questions, intervenir, réagir… Surtout, nous avons pu faire circuler la parole entre les élèves, ce qui est essentiel car nous constatons qu’ils écoutent et retiennent beaucoup plus ce que disent leurs camarades, que ce que nous leur disons, nous !

Les deux autres expériences se sont faites dans le cadre de Migrant’scène, suite à l’annulation des évènements physiques.

Nous avons d’abord organisé une conférence-débat sur le thème résistances : Qu’est-ce que la résistance aujourd’hui ? Techniquement, tout s’est bien passé : la Ligue de l’Enseignement nous a prêté une salle avec du matériel, et nous avions une personne qui s’est occupée des aspects techniques, elle a utilisé un logiciel spécial professionnel avec un résultat très pro. En revanche, nous n’avons pas assez bien préparé le contenu de la conférence avec les intervenants : ils étaient trois, ce qui est trop, et leurs interventions trop longues et pas assez cadrées. Peut-être à cause de cela, nous n’avons pas eu de réactions des spectateurs sur le chat de Youtube : ce sont nous qui avons posé les questions. A distance, on ne peut pas « sentir » la salle, et on n’est pas non plus avec les conférenciers pour réagir et rectifier le tir… donc il faut être bien précis au départ sur la demande de départ !

Nous avons ensuite organisé une projection-débat du film « L’aventure » de Marianne Chaud (qui était dans le catalogue de films Migrant’scène 2020), qui elle s’est très bien passée. L’évènement était organisé avec deux associations partenaires, qui ont chacune apporté leur carnet d’adresses et diffusé l’information à leur réseau. Le film était à disposition sur Youtube 24h à l’avance : il a été vu par 370 personnes, alors que seules 50 d’entre elles ont participé au débat. Pendant la projection proprement dite, les spectateurs étaient d’abord sur Zoom avec nous, puis ont migré sur Youtube pour regarder le film et sont revenus sur Zoom. L’avantage de Zoom est que nous avons pu donner directement la parole aux personnes présentes, plutôt que de retranscrire des questions écrites. La préparation en amont a été bonne, avec la participation de deux migrants passés par le refuge de Briançon et qui ont enrichi le débat.

L’organisation de ces deux évènements nous a permis de ne pas tout à fait perdre l’investissement du groupe local sur l’organisation de Migrant’scène. Cela nous a évité de démobiliser l’équipe : pour le moral des troupes c’était important !
»

Pour en savoir plus : découvrez la fiche conseils « Organiser une conférence ou une projection débat en visio » sur Cimadocs


En Normandie, un festival Migrant’scène sur Facebook


« Suite à l’annonce du 2ème confinement, on ne voulait pas croire que nous devions renoncer à tout notre programme Migrant’scène » se souvient Marie-Claire Cuesta, du groupe local de l’Orne. « Dans le groupe local, certain·e·s voulaient tout annuler, d'autres trouvaient déloyal de passer les films en dehors des salles de cinéma. Les groupes locaux de Caen et de l'Orne ont décidé de présenter sur la page Facebook Normandie des conseils de courts-métrages, des conseils littéraires, des quiz, des newsletters, au rythme d’un post par jour.

Il ne faut pas sous-estimer le travail que cela représente ! Je m’occupais d’envoyer des messages journaliers aux journalistes, élu·e·s, membres des États généraux des migrations dans l’Orne et au groupe local. Les posts étaient préparés et mis sur Facebook à plusieurs.

Au final, les membres du groupe local ont été très contentes qu’on ait pu quand même faire quelque chose pendant le festival !
»

Pour plus de détails sur cette action, retrouvez un document-bilan dans Cimadocs.



Les équipes sensibilisation s’efforcent ainsi de s’adapter à cette période de crise sanitaire, qui donne l’occasion de tenter des expériences nouvelles, en pensant d’autres outils et d’autres formats d’animation. La distance offre même quelques avantages, comme la possibilité de toucher des personnes plus éloignées, ou parfois un certain gain de temps ou d’énergie.

Une fois la crise sanitaire passée, on peut donc imaginer que les outils de sensibilisation en ligne puissent devenir des outils complémentaires, permettant d’enrichir ou de prolonger les liens initiés « en vrai ». Car reste que le manque du présentiel et de tout ce qui le rend précieux – l’interactivité, la convivialité, l’informel – se fait cruellement sentir… aussi les équipes ont hâte de pouvoir reprendre une activité normale !


 

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