#33 - février 2023
La Cimadine
MOBILISATION CONTRE LE PROJET De LOI 2023

Non à la loi Darmanin.

Pour que ce projet de loi ne reste qu'un projet.

Ce mois-ci, rendez-vous avec Sarah Belaïsch, directrice des pôles thématiques nationaux et Mélanie Louis, responsable thématique sur les questions d'expulsions, pour recueillir leurs ressentis sur le projet et leur demander comment s'organise la mobilisation de La Cimade contre ce projet.


Quelles sont vos premiers ressentis face à ce projet ?

 

Sarah Belaïsch : Il s’agit une nouvelle fois d’un projet de loi très répressif, centré sur l’expulsion des personnes étrangères.  Et les rares mesures qui sont présentées comme visant à favoriser l’intégration ou la protection des personnes étrangères sont très insuffisantes, voire dangereuses.
La régularisation des travailleurs et travailleuses sans papiers est une nécessité, c’est une question de justice sociale. Mais nous demandons une régularisation large et durable, qui ne soit pas limitée aux personnes qui travaillent et encore moins aux métiers en tension. L’interdiction du placement en rétention des mineurs est également primordiale, c’est une mesure que nous revendiquons de longue date. Mais cette interdiction ne concernerait pas les enfants de plus de 16 ans, ceux qui sont placés en LRA et surtout il est prévu d’exclure Mayotte alors qu’il y a 40 fois plus d’enfants qui y sont enfermés que dans l’Hexagone ! 

"Le projet de loi comporte d’importants reculs en termes de droits pour les personnes migrantes mais il existe de très forts risques pour ce texte soit encore durcit par les parlementaires"


Concernant l’apprentissage de la langue, il est certain qu’une bonne maîtrise du français est un facteur d’intégration mais l’ajout d’une condition d’obtention d’un diplôme n’est en rien de nature à favoriser l’intégration, bien au contraire c’est un obstacle de plus pour la délivrance d’un titre de séjour et donc un facteur supplémentaire de précarisation administrative et sociale.

Le projet de loi comporte d’importants reculs en termes de droits pour les personnes migrantes mais il existe de très forts risques pour ce texte soit encore durcit par les parlementaires, en particulier au Sénat. Le plus grave est que cela se fera sans doute avec l’aval du gouvernement, qui assume la nécessité d’opérer des compromis avec la droite pour faire passer son texte coûte que coûte.

Au-delà du texte en lui-même, c’est le climat dans lequel il va être examiné qui est particulièrement inquiétant. Un climat délétère fortement alimenté par les propos d’un ministre de l’intérieur qui a fait le choix d’attiser les tensions, plutôt que d’adopter un discours positif et rassurant sur les migrations, pour favoriser la cohésion sociale. 
 
Et toi Mélanie, qu'est ce qui particulièrement t'inquiètes ?

Mélanie Louis : Le gouvernement s’était attelé depuis quelques temps à annoncer le ton de cette réforme : entre les multiples déclarations véhiculant des amalgames entre immigration et délinquance, et les circulaires dites « Darmanin » visant à renforcer une politique d’expulsion, de contrôle et d’enfermement des personnes étrangères, le ministère de l’intérieur avait préparé le terrain de ce projet de loi. Sans surprise donc, au-delà d’être sur la continuité d’une logique de restriction de droits, le gouvernement franchit une nouvelle étape en élaborant un texte axé autour de l’instrumentalisation des questions relatives à la menace à l’ordre public. Cette notion est floue et risque d’être appliquée de manière large et arbitraire, ce qui est particulièrement alarmant.

"le gouvernement franchit une nouvelle étape en élaborant un texte axé autour de l’instrumentalisation des questions relatives à la menace à l’ordre public"

La menace grave à l’ordre public pourra par ailleurs être opposée à l’encontre de personnes jusqu’alors protégées contre l’éloignement du fait de leur situation personnelle et familiale. Ces mesures, combinées à celles ayant trait au renforcement de la double peine, tendent donc à accentuer une politique de criminalisation, stigmatisation et marginalisation des personnes étrangères dans l’optique de faire tourner une machine à expulser à plein régime, et visant des dizaines de milliers de personnes. Le projet de loi donne une nouvelle arme aux préfectures sans augmenter ni les moyens de la justice ni l’accès au juge.  

 
Quelles sont les démarches inter associatives en cours ?

Sarah Belaïsch : En plus des actions que la Cimade mène seule, nous participons à plusieurs espaces inter associatifs qui ont construit des positions et propositions politiques soit sur des sujets spécifiques, comme la régularisation ou le droit d’asile par exemple, soit sur l’ensemble des sujets liés aux migrations.

Nous sommes amenés à porter ces positions devant les pouvoirs publics et les parlementaires, dans le cadre de rencontres de plaidoyer conjointes. Un colloque à l’Assemblée nationale le 6 avril permettra à la fois de porter nos revendications communes et de décrypter le projet de loi. 
Il y a aussi des communications communes auxquelles nous nous associons, comme l’appel pour une politique migratoire d’accueil de l’UCIJ (uni·es contre l’immigration jetable) et plusieurs projets de mobilisation dans l’espace public : des manifestations, des évènements comme un Parlement de rue.  Sur les aspects analyse / décryptage du projet de loi, outre la « traditionnelle » analyse de la loi promulguée dans le cadre d’une initiative inter associative portée par le Gisti, il est envisagé une réunion publique d’information sur le projet de loi.

Propos recueillis par Louise Lacombled.


PROCHAIN RDV

Un webinaire interne de présentation du projet de loi et des argumentaires, positions et propositions de la Cimade vous est proposé le 9 mars de 17h00 à 18h30. Il est ouvert à tous et toutes les militant.e.s de la Cimade.


Nous vous remercions de bien vouloir vous inscrire avant le 3 mars, en remplissant le formulaire en ligne. Un lien zoom vous sera adressé pour vous permettre de vous connecter au webinaire.


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