#34 - avril 2023

La Cimadine
La régularisation de toutes les personnes sans-papiers, une revendication centrale pour la Cimade. 
Lise Faron Ce mois-ci, rendez-vous avec Lise Faron, Responsable des questions Entrée, Séjour et Droits sociaux, et pilote du groupe de travail « Régularisation ».
Peux-tu nous rappeler comment a été créé le groupe de travail « Régularisation » et quels sont les objectifs du groupe ?

 

Lise Faron : Au printemps 2020, La Cimade adoptait les 5 propositions pour la régularisation large et durable des personnes sans-papiers. C’est une revendication centrale pour la Cimade, cette demande a été mise en avant dans un premier temps à travers des actions de mobilisation de rue, de sensibilisation, de plaidoyer et de communication, et depuis 2021, se sont ajoutées des actions de communication et de sensibilisation via les réseaux sociaux. 

Sur le terrain, la régularisation est d’après nos observations en très grande partie au point mort : d’une part, parce que la fermeture des guichets entrave l’accès à la régularisation, mais surtout parce que les pouvoirs publics assument de façon croissante leur « désintérêt » pour la régularisation ou, autrement dit, le choix politique de régulariser le moins possible.

En parallèle de la poursuite des actions nationales de communication et sensibilisation, se posait la question d’actions locales et régionales pouvant être développées pour promouvoir la régularisation pour toutes et tous.

C’est de là qu’un groupe de travail national, intitulé « Outiller le mouvement pour des actions locales de promotion de la régularisation » a démarré en septembre 2022. Il a pour objectif de décider de stratégies à mener localement et d’outiller le mouvement pour permettre aux groupes locaux qui le souhaitent de se saisir de cet enjeu en définissant le discours à porter auprès des interlocuteurs régionaux/locaux.

Nous avons collectivement choisi de travailler en deux phases, une première sur l’explication et l’argumentation de notre revendication, puis une seconde dédiée aux stratégies que l’on pourrait déployer pour porter notre message et notre demande.


Comment se passent les échanges ? 

Lise Faron : Nous nous sommes réunis trois journées complètes. Le groupe est mixte, il se compose de bénévoles et salariées de 6 régions différentes.  Dans un premier temps, nous avons travaillé sur l’explicitation et l’argumentation de la position adoptée en 2020 : qu’est-ce que La Cimade demande précisément quand elle parle de “régularisation large et durable” ? Comment argumenter pour défendre cette demande ? 

Nous avons pu partager l’aboutissement de cette première phase en mars dernier. Le document intitulé « Propositions de La Cimade en faveur de la régularisation : document d’accompagnement du mouvement »  est à retrouver dans Cimadocs.  

Le groupe complétera le document, lors de la deuxième phase de travail, en particulier sur la dimension de la stratégie et des alliances pour porter la régularisation. Une version définitive du document sera diffusée probablement au début de l’été.



En quelques mots, peux-tu nous rappeler ce que demande La Cimade en termes de régularisation ?

Lise Faron : La demande de régularisation large (à retrouver dans les 5 propositions adoptées par le conseil national en avril 2020) signifie que La Cimade demande la régularisation de l’ensemble de toutes les personnes sans papiers résidant en France et souhaitant demander un titre de séjour.

La demande de régularisation durable permet de prendre en compte deux dimensions : 

- D’une part, la régularisation de chaque individu doit revêtir un caractère pérenne : la multiplicité des titres de séjour, le plus souvent précaires, doit laisser la place à un seul et même titre de séjour pour toutes et tous, stable et autorisant à travailler et bénéficier des droits sociaux. 

- De l’autre, il s’agit bien d’une demande de refonte des politiques migratoires et donc de transformation législative durable. Il ne s’agit pas de demander « seulement » des mesures exceptionnelles de régularisation. 

Et pour le groupe de travail, il était aussi important d’inscrire la promotion de la régularisation de toutes les personnes sans-papiers dans une approche sociétale globale, pour une société égalitaire et apaisée. Il est inadmissible qu’une société construise la prospérité de certain·es en laissant de côté une partie de sa population, grâce à l’instrumentalisation de question de nationalité ou de statut administratif. Donc il s’agit à la fois de réclamer une société plus protectrice et égalitaire et revendiquer des conditions de vie digne. 




Nous avons demandé à Michèle, Isabelle et Michel, bénévoles, pourquoi elles et il s'étaient engagées dans ce groupe de travail. Voici leurs retours :


Isabelle : Le sujet de la régularisation des sans-papiers m'intéresse pour deux raisons: la première est que cette position une fois comprise (régulariser de manière large et durable les personnes migrantes) m'a décillée, libérée ; la seconde est que pour assumer une telle conviction qui m'anime, il faut de bons arguments.
J'ai donc trouvé dans ce groupe ce que j'y cherchais : un groupe éclectique (mais pas trop !), de bonne taille pour échanger,  de la réflexion (beaucoup), de l'intelligence, une écoute telle que chacun-e retrouve dans le texte final ses propositions, un travail de conceptualisation  mais également de simplification passionnant.
  bulle


Michèle : " J'ai rejoint le groupe tout d'abord car j'avais une très forte envie d’échanger avec des salarié.e.s et des bénévoles d’autres régions ce qui n’est pas très courant dans nos pratiques actuelles…  De plus, la notion de régularisation « large et pérenne » restait abstraite et faisait polémique dans mon groupe local, donc j'avais un besoin de disposer  d’un périmètre concret et opérationnel.

La régularisation est une thématique essentielle qui permet d’englober un certain nombre de revendications portées par  La Cimade , tels les effets pervers des politiques migratoires, le respect des droits fondamentaux des personnes étrangères, l’égalité des droits…Et dans le contexte politique actuel ne pas céder sur cette revendication donne du sens à nos actions de terrain !

Objectifs atteints et très largement, un merci tout particulier à Lise Faron pour ses compétences, sa ténacité, son empathie qui contribuent largement à la réussite de ce Groupe de Travail !  "  

bulle

Michel
: L'enjeu est fondamental : participer à l'argumentation de la revendication phare de La Cimade, déjà posée, qui permettra notamment à la fois d'assurer pleinement un accueil digne aux personnes désirant s'installer en France et simplifiera l'administration de notre pays. Voilà un travail passionnant, globalisant, à destination des cimadiens, de l'opinion publique et des pouvoirs publics !


Un grand merci à tous les membres du groupe de travail !
Propos recueillis par Louise Lacombled.



Les ressources internes sur la régularisation:

Tous les outils de la campagne de La Cimade pour la régularisation sur le site et sur Cimadocs, dont:


- Les affiches sur Juan, Aïssa, Hassan, Soraya et Joséphine

- Les vidéos et les visuels de la campagne

- Le petit guide « Refuser la fabrique des sans-papiers »  


L’espace Cimadocs du groupe de travail, avec les comptes-rendus des réunions et quelques articles de presse. 



CETTE LETTRE
EST LA VÔTRE !

Une question, une idée,
un témoignage ?

lacimadine@lacimade.org

La Cimadine
Mentions légales La Cimadine