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MISSION EN ALBANIE |
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Rappel de la mission |
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La mission avait pour objectif principal la compréhension de la place de l’Albanie dans cette double dimension : la situation des personnes étrangères en transit ainsi que les expulsions des ressortissant·e·s albanais·es depuis la France par le concours de l’agence européenne de garde-côtes et de gardes-frontières, Frontex. * Le comité de pilotage (Copil) de la mission a été constitué en février 2021, ses membres étaient :
Ce mois-ci, nous sommes donc allées à la rencontre d'Ana Marku, Bénévole Cimade au groupe local de Marseille et Elsa Putelat, intervenante en CRA à Toulouse, qui ont participé à la mission, pour en savoir plus sur leur expérience !Pour commencer,
pourquoi avoir choisi l’Albanie ? Elsa Putelat :
pour le pôle SI Europe, l’Albanie constitue à la fois un
des points de passage des personnes en chemin vers
l’Europe de l’Ouest, le premier pays d’expulsion depuis
l’UE pour les vols d’expulsion européens coordonnés par
l’agence Frontex ainsi que le 1er pays non européen à
accueillir une opération conjointe de l’agence Frontex sur
son territoire. Contrairement à d'autres pays des Balkans
et plus généralement de l’ouest européen, la situation sur
place demeure peu documentée par le milieu associatif à
l'échelle européenne. Cela
répond aussi aux besoins de certaines régions, notamment
celles avec une communauté albanaise importante, d’être
informées sur la situation des citoyen·ne·s albanais·e·s
expulsé·e·s de France. En effet, en lien avec les
équipes rétention, il a été constaté que les
albanais·e·s sont la troisième nationalité à être
expulsée depuis la France et comme le disait Lydie la
première nationalité ciblée par les vols d’expulsion
européens (autrement dit charters européens). Il existe
donc également un intérêt à mieux appréhender la
situation sur place pour les personnes expulsées. Ana Marku : Pour moi
c’était une grande surprise d’apprendre qu’une mission
s’organisait dans mon pays, en Albanie. Une surprise très
positive. J’étais très heureuse d’entendre l’intérêt de La
Cimade et leur recherche d’une meilleure compréhension de
la situation migratoire là-bas.
Je ne pensais pas être d’une
grande aide pour La Cimade car les équipes ont beaucoup de
connaissances, je ne pouvais pas aider côté
« scientifique », mais c’est vrai que j’avais la
connaissance du pays et un réseau sur place pour nous
aider à avoir les bonnes informations. Hajer et le reste
de l'équipe m’ont beaucoup rassuré sur le fait de
rejoindre le groupe, j’étais aussi la seule qui parlait
Albanais. En réalité une fois sur place, j’ai été très
étonnée car même les plus jeunes parlaient tous anglais.
Je n’ai pas eu besoin de traduire. Finalement, c'était
amusant car c’est moi qui ne comprenais rien, je ne parle
pas anglais, alors je lisais les notes de Lydie après les
rencontres.
Ana, depuis quand tu n’avais pas été en Albanie et qu’est ce qui t’a le plus marqué en y retournant ?
Par contre, Tirana a évolué comme capitale, pas dans le bon sens. J’ai lu dans un article italien « Tirana, capitale avantageuse en Europe », qui semblait mettre en avant les intérêts de la ville, le tourisme, etc. C’est très contradictoire avec la réalité. Les gens n’en peuvent plus, il n’y a pas assez de travail, les jeunes n’ont pas de regard sur leur avenir, ils sont préparés à partir. Fuir pour garantir une meilleure école, un parcours professionnel plus sécurisant.
Elsa Putelat : Je suis allée à plusieurs reprises dans les Balkans, notamment sur la frontière entre la Hongrie et la Serbie, mais c’était une première en Albanie. J’avais l’impression de connaître en partie le pays, par les récits des personnes rencontrées en rétention. Donc c’est évidemment une vision particulière. Sur place, ce qui m’a le plus marqué c’est le Centre de Kareç. J’en avais entendu parlé par un Mr marocain qui vit en Ariège depuis des années. Un jour il a été arrêté et expulsé au Maroc. Il est revenu en passant par l’Albanie. Il a été arrêté à la frontière, enfermé pendant plusieurs mois. Il nous écrivait parfois depuis l’Albanie en nous décrivant les conditions d’enfermement. Arrivé en Albanie, c’était un objectif : en savoir plus sur ce centre. Et là on a eu vraiment plein de versions différentes : « on ne sait pas », « c’est pour les délinquants »… Jusqu’au dernier jour où on est tombé sur la bonne personne qui nous a donné les informations précises (que vous pouvez retrouver dans la note !) Comment s’est passé le travail collectif ? Ana Marku : Avant la mission et pendant, j’ai essayé de restée ouverte, ne pas mettre en avant ce que je savais de mon pays, et regarder les changements tout en me laissant surprendre pour découvrir ce que je ne savais pas justement.
D'un point de vue organisation, des choix ont été fait pour la mission pour ne pas « trop faire », ainsi on prenait le temps de rencontrer chaque personne, cueillir les éléments, puis analyser toutes ensemble. Ce type de partage nous fait ralentir, mieux comprendre et nous fait grandir. Cette composition a permis une approche complémentaire qui était une vraie richesse. On a beaucoup travaillé ensemble en amont de la mission, pendant la mission, et en aval pour partager tout ce travail. A recommencer ! Propos recueillis par Louise Lacombled Pour aller plus loin
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